La scène politique du Sud-Kivu vient de vivre un moment décisif ce vendredi 24 octobre, où trente des trente-cinq députés provinciaux ont fermement rejeté la motion de défiance visant le gouverneur Jean-Jacques Purusi. Ce vote, qui s’apparente à un véritable plébiscite, témoigne-t-il d’une consolidation du leadership provincial ou révèle-t-il plutôt les stratégies d’alliances en coulisses ?
L’Assemblée provinciale du Sud-Kivu a ainsi démontré sa cohésion autour de l’exécutif provincial, enterrant non seulement la motion de défiance mais également rejetant la lettre d’interpellation du député David Bubasha. Ce dernier, élu du territoire d’Uvira, pointait du doigt la cherté de la vie dans sa circonscription, conséquence directe selon lui de la guerre d’agression qui sévit dans la région. La procédure législative, exigeant que l’initiateur d’une motion de défiance convainque la majorité des députés, n’a donc pas abouti, rendant caduque toute tentative de remise en cause du gouverneur.
Cette démonstration de force intervient à un moment crucial pour le gouverneur Purusi, qui prépare actuellement son déplacement à Kinshasa avec les membres du bureau de l’Assemblée provinciale. Cette invitation du vice-Premier ministre de l’Intérieur, reçue le jour même du rejet de la motion, ne serait-elle pas le signe d’un renforcement de la position du gouverneur au niveau national ? Les députés provinciaux de la RDC ont ainsi envoyé un message clair : la stabilité politique prime sur les velléités de contestation.
Rappelons qu’en janvier dernier, le gouverneur Purusi avait déjà sollicité le soutien des élus provinciaux pour mener une lutte concertée contre les exploitants illégaux de minerais. Cette stratégie de collaboration semble aujourd’hui porter ses fruits, créant un front commun face aux défis sécuritaires et économiques. Le chef de l’exécutif provincial avait alors appelé les investisseurs à « injecter des capitaux frais dans le secteur minier du Sud-Kivu, dans le respect de la légalité », une vision qui semble trouver écho auprès de la majorité parlementaire.
La motion de défiance Sud-Kivu, devenant ainsi un épiphénomène dans le paysage politique provincial, soulève cependant des questions fondamentales sur l’équilibre des pouvoirs au sein des institutions congolaises. Les députés provinciaux RDC, en rejetant massivement cette procédure, ont-ils fait preuve de responsabilité politique ou de suivisme institutionnel ? L’Assemblée provinciale Sud-Kivu semble avoir choisi la stabilité dans un contexte régional particulièrement volatile.
Au-delà des simples considérations procédurales, ce rejet intervient dans un climat de tensions persistantes dans l’est de la République Démocratique du Congo. La capacité du gouverneur Purusi à maintenir l’unité des élus locaux face aux défis sécuritaires représente un atout non négligeable dans la gouvernance provinciale. La politique RDC province se trouve ainsi à la croisée des chemins, entre nécessité de stabilité et exigence de redevabilité.
Les prochains mois seront déterminants pour vérifier si cette démonstration de force parlementaire se traduira par des avancées concrètes dans la gestion des crises multiples qui affectent le Sud-Kivu. Le gouverneur, conforté par ce vote, devra maintenant faire la preuve que cette confiance des députés provinciaux se justifie par des résultats tangibles pour les populations. L’équilibre politique ainsi préservé saura-t-il résister aux pressions externes et aux défis internes ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
