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Sud-Kivu : le gouverneur Purusi face à une interpellation sur les lingots d’or et les Wazalendo

L’hémicycle provincial du Sud-Kivu s’apprête à vivre un moment politique intense ce vendredi 24 octobre, où le gouverneur Jean Jacques Purusi devra faire face à une interpellation déposée par le député Bubasaha Tangania David. Cette démarche parlementaire, aussi rare que significative, place l’exécutif provincial dans une position délicate, obligeant le professeur Purusi à justifier sa gestion devant les représentants du peuple.

L’interpellation gouverneur Sud-Kivu couvre un spectre particulièrement large de préoccupations, des dossiers miniers brûlants aux questions sécuritaires explosives en passant par la gestion environnementale. Le député d’Uvira ne s’est pas contenté d’effleurer la surface des problèmes, mais a méthodiquement construit un réquisitoire qui touche à la transparence même de l’action gouvernementale.

Sur le volet minier, l’affaire des lingots or saisis Chinois revient comme un leitmotiv embarrassant pour l’exécutif provincial. Combien exactement de lingots ont été confisqués ? Où sont-ils stockés ? Ont-ils été vendus, et si oui, à quel prix et à qui ? La population de Walungu et Mwenga, directement affectée par l’exploitation illégale, attend toujours des réponses claires sur la destination de ces richesses soustraites à son patrimoine. Les contradictions dans les déclarations officielles concernant le nombre de lingots saisissent par leur persistance, créant un flou artistique peu compatible avec la rigueur académique que le gouverneur Purusi est censé incarner.

La question sécuritaire révèle une autre facette préoccupante de la gestion finances Sud-Kivu. Le député Tangania exige la publication des tableaux détaillant les contributions financières et matérielles aux FARDC, à la PNC et aux Wazalendo. Mais c’est surtout la multiplication des Wazalendo coordination Uvira qui interpelle. Après une opération d’identification présentée comme réussie, comment expliquer cette prolifération de structures parallèles ? Qui finance réellement ces groupes, et pourquoi la coordination semble-t-elle échapper aux autorités provinciales ? Les barrières illégales payantes et les violations des droits humains persistent-elles sous le regard bienveillant d’un État impuissant ou complice ?

Les questions environnementales Sud-Kivu ne sont pas en reste dans cette interpellation. Le député interroge la gestion des aires protégées, la protection contre les catastrophes naturelles qui frappent régulièrement Uvira, Baraka et Bukavu, et surtout l’utilisation des revenus carbone. Où sont logés les fonds générés par la vente des quotas carbones ? Quel projet de développement provincial ont-ils financé ? La journée nationale de l’arbre du 5 décembre serait-elle devenue une simple ritualisation sans impact concret sur le reboisement effectif de la province ?

La gestion générale de la province soulève des interrogations tout aussi cruciales. Pourquoi certains courriers officiels doivent-ils voyager jusqu’à Bujumbura pour signature ? Où sont passés les véhicules de l’administration provinciale après la prise de Bukavu ? Les comptes bancaires et mobile money de la province sont-ils gérés avec la transparence requise ? Autant de questions qui touchent à la crédibilité même de l’institution provinciale dans un contexte de crise multidimensionnelle.

L’enjeu dépasse largement la simple réponse à donner dans l’hémicycle. Le gouverneur Purusi joue sa crédibilité politique sur sa capacité à apporter des réponses convaincantes à des questions qui, pour certaines, trahissent une gestion pour le moins opaque. Son statut d’intellectuel et de professeur le place paradoxalement dans une position plus vulnérable : on attend de lui une rigueur et une transparence exemplaires. Or, les contradictions relevées par le député Tangania sur le nombre de lingots d’or saisis, tout comme l’opacité entourant la coordination des Wazalendo, suggèrent plutôt un exercice du pouvoir éloigné des standards académiques.

La programmation de l’examen de cette interpellation pour le 24 octobre donne au gouverneur un délai limité pour préparer ses réponses. Va-t-il opposer une fin de non-recevoir à ces interrogations légitimes ? Tentera-t-il de noyer le poisson dans des considérations techniques ? Ou au contraire, saisira-t-il cette occasion pour rétablir une confiance érodée par des mois de gestion critiquée ?

Au-delà de la personne du gouverneur Purusi, c’est toute l’administration provinciale qui se trouve mise en cause. La multiplication des coordinations des Wazalendo, l’opacité des finances minières, la gestion discutable des fonds carbone : autant de symptômes d’une gouvernance qui semble avoir perdu le nord. Dans un contexte de guerre et d’occupation partielle du territoire, la transparence dans la gestion des deniers publics n’est pas une option, mais une nécessité absolue pour maintenir la cohésion sociale et la légitimité des institutions.

L’interpellation de ce vendredi 24 octobre pourrait bien marquer un tournant dans la vie politique du Sud-Kivu. Soit le gouverneur Purusi parvient à démontrer qu’il maîtrise son administration et ses dossiers, soit il confirmera les doutes sur sa capacité à gérer une province en crise. Dans les deux cas, la population du Sud-Kivu attend plus que des discours : elle exige des actes concrets et une gestion transparente de la chose publique. Le compte-rendu de cette séance parlementaire promet d’être riche en enseignements sur l’état réel de la gouvernance provinciale.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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