La situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo prend une tournure dramatique avec la révélation d’un pillage systématique orchestré par le groupe armé M23. Twangiza Mining, société exploitant la mine d’or de Twangiza dans le Sud-Kivu, accuse le mouvement rebelle d’avoir dérobé pas moins de 500 kilogrammes d’or depuis mai dernier. Ce braquage à grande échelle soulève des questions cruciales sur la sécurité des investissements miniers en RDC.
Comment un tel pillage a-t-il pu se produire en toute impunité ? Les responsables de Twangiza Mining décrivent une opération méthodique où le M23, après avoir pris le contrôle du site minier, aurait systématiquement organisé l’extraction et l’évacuation des précieuses ressources. Les premières estimations font état de 50 kg d’or dérobés dans les premiers jours seulement, puis d’un rythme soutenu de plus de 100 kg par mois.
L’exploitation minière illégale dans l’Est Congo atteint ici des proportions alarmantes. Le préjudice économique direct est évalué à environ 70 millions de dollars, sans compter les dommages collatéraux aux infrastructures estimés à 5 millions supplémentaires. La mine Twangiza, considérée comme un joyau de l’industrie aurifère congolaise, se trouve aujourd’hui paralysée, la société ayant déclaré la force majeure.
La complicité interne apparaît comme un élément déterminant dans ce scandale. Selon des sources proches du dossier, certains employés de la mine auraient facilité les opérations des pillards. Cette réalité interroge sur les mécanismes de contrôle et de supervision dans les sites miniers de la région, pourtant régulièrement secoués par des conflits liés aux ressources naturelles.
Le 15 octobre marque un tournant dans cette affaire avec une attaque au drone ayant détruit le système électrique de la mine. Cet incident, dont les commanditaires restent inconnus, illustre la sophistication des méthodes employées contre les installations minières. La sécurité des travailleurs et des équipements n’est plus garantie dans cette zone en proie aux violences.
Au-delà du pillage pur et simple, Twangiza Mining rapporte des exactions contre les populations locales : expulsions forcées, destruction d’édifices religieux et recours à des techniciens étrangers pour intensifier l’exploitation illicite. Le conflit ressources naturelles dans l’Est Congo prend ainsi une dimension humaine dramatique, où les civils paient le prix fort.
La réponse des autorités congolaises se fait attendre. Twangiza Mining annonce son intention de saisir à la fois les instances nationales et les tribunaux d’arbitrage international. Cette démarche juridique s’annonce complexe dans un contexte où le M23, mouvement accusé de bénéficier de soutiens extérieurs, contrôle territorialement la zone.
Le pillage de la mine Twangiza par le M23 s’inscrit dans une problématique plus large de gouvernance des ressources minières en RDC. Comment mettre fin à cette hémorragie qui prive l’État congolais de revenus essentiels et décourage les investisseurs légitimes ? La question se pose avec acuité alors que les négociations de paix patinent.
La communauté internationale observe avec inquiétude cette situation. Les Nations unies ont déjà dénoncé à plusieurs reprises la violation des accords de paix par le M23. Le Rwanda, régulièrement pointé du doigt pour son soutien présumé au mouvement rebelle, se trouve une nouvelle fois sous le feu des critiques.
L’exploitation minière illégale en RDC alimente un cercle vicieux : les ressources pillées financent l’achat d’armes, qui à leur tour permettent de contrôler de nouveaux territoires miniers. Le cas de Twangiza illustre parfaitement cette dynamique destructrice qui mine la stabilité de toute la région des Grands Lacs.
Quelles solutions pour briser cet engrenage ? La sécurisation des sites miniers apparaît comme une priorité absolue, tout comme le renforcement des mécanismes de traçabilité de l’or congolais. La coopération régionale et internationale s’avère indispensable pour tarir les circuits de commercialisation des minerais illicites.
Alors que Twangiza Mining prépare sa plainte officielle, l’ampleur des dégâts continue de s’aggraver. Les 500 kg d’or déjà pillés ne représentent peut-être que la partie émergée de l’iceberg. L’urgence est désormais à l’action concertée pour mettre un terme à ce pillage organisé qui saigne l’économie congolaise et entretient les conflits dans l’Est du pays.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: https://fr.africanews.com/amp/2025/10/22/rdc-une-societe-miniere-accuse-le-m23-davoir-pille-au-moins-500-kg-dor/