Alors que l’année scolaire 2025-2026 approche de sa première période en République Démocratique du Congo, une situation alarmante persiste dans le groupement Kamisimbi, territoire de Walungu au Sud-Kivu. Comment expliquer que des centaines d’enfants se voient privés de leur droit fondamental à l’éducation ? La réponse réside dans l’insécurité croissante qui frappe cette région, où les combats entre les Wazalendo et les rebelles du M23 ont contraint plusieurs établissements scolaires à fermer leurs portes depuis des mois.
Le paysage éducatif de Kamisimbi ressemble aujourd’hui à un champ de bataille silencieux. Pas moins d’une dizaine d’écoles sont actuellement dans l’incapacité d’accueillir les élèves, transformant ces lieux de savoir en symboles d’une guerre qui dépasse largement le cadre scolaire. Parmi les établissements touchés, on compte le complexe scolaire Iko, l’Institut et l’école primaire Muku, l’école primaire Chigezi, mais aussi les institutions Kamisimbi, Shanga, Sayuni, sans oublier les écoles primaires Mulambi, Chishendu et Isheke.
Mais quelle est la véritable ampleur de cette crise éducative ? Wilfried Habamungu, rapporteur adjoint de la société civile, ne cache pas ses inquiétudes. « Cette situation, exacerbée par l’insécurité, compromet gravement l’éducation des enfants de cette contrée », affirme-t-il. Ses propos résonnent comme un cri d’alarme dans une région où l’accès à l’éducation était déjà précaire avant l’escalade des violences.
Les combats récurrents entre Wazalendo et M23 ont créé un climat de terreur permanent aux alentours de ces établissements scolaires. Comment imaginer que des enfants puissent se concentrer sur leurs leçons quand les bruits des armes remplacent le son des cloches d’école ? Les affrontements se concentrent particulièrement dans les agglomérations situées à la lisière entre le territoire de Walungu et ceux de Mwenga et Shabunda, provoquant des déplacements massifs de population qui viennent encore compliquer la situation.
La fermeture des écoles à Walungu pose une question fondamentale : jusqu’où l’insécurité peut-elle compromettre l’avenir d’une génération entière ? Alors que le gouvernement congolais multiplie les efforts pour améliorer le système éducatif national, ces progrès risquent d’être réduits à néant dans les zones en proie aux conflits armés. Les enfants de Kamisimbi paient le prix fort d’un conflit qui les dépasse, sacrifiant leur éducation sur l’autel des rivalités politiques et militaires.
Face à cette situation, que peuvent faire les acteurs locaux ? Les organisations de la société civile tentent de mobiliser l’attention des autorités tant provinciales que nationales. Mais leurs appels semblent se perdre dans le bruit des combats qui continuent de faire rage. L’urgence est pourtant réelle : chaque jour sans école est un jour de retard accumulé pour ces élèves, une opportunité d’apprentissage perdue, un avenir qui s’assombrit un peu plus.
Le cas des écoles fermées à Walungu n’est malheureusement pas isolé dans l’est de la RDC. Il s’inscrit dans une tendance plus large où l’éducation devient souvent la première victime des conflits armés. Pourtant, n’est-ce pas précisément dans ces moments de crise que l’école devrait représenter un sanctuaire, un lieu de stabilité et d’espoir pour les jeunes générations ?
Alors que la période scolaire avance inexorablement, la question reste entière : quand les enfants de Kamisimbi pourront-ils retrouver le chemin de l’école ? La réponse dépend largement de l’évolution de la situation sécuritaire dans la région. En attendant, des centaines d’élèves voient leur année scolaire compromise, leurs rêves d’avenir mis en pause, leur droit à l’éducation bafoué. Une situation intolérable qui appelle des solutions urgentes et durables.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net