Le retour des habitants de Chishadu dans leurs foyers après les violents affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles de l’AFC-M23 s’effectue dans des conditions sanitaires extrêmement précaires. Ces déplacés de Chishadu, qui avaient trouvé refuge dans la brousse ou dans les villages environnants comme Chololo, Ihembe et Kahamba, retrouvent un environnement dévasté où l’accès aux soins de santé relève désormais du parcours du combattant.
La situation humanitaire dans cette zone frontalière entre les territoires de Kabare et Walungu au Sud-Kivu atteint des niveaux alarmants. Comment ces populations peuvent-elles reconstruire leur vie lorsque les structures sanitaires de base ont été systématiquement pillées et vandalisées ? Les centres de santé, qui devraient normalement constituer des refuges pour les plus vulnérables, se présentent aujourd’hui comme des coquilles vides, dépourvues de l’équipement médical le plus essentiel.
Le pillage méthodique des établissements de santé a privé la région de lits, de matelas et même du matériel de petite chirurgie, rendant impossible toute prise en charge médicale digne de ce nom. Les femmes enceintes, déjà fragilisées par leur condition et les traumatismes de la fuite, se retrouvent sans suivi prénatal ni possibilité d’accoucher dans des conditions sanitaires acceptables. Les personnes souffrant de diarrhée ou d’anémie, dont l’état pourrait pourtant être facilement traité avec des moyens appropriés, voient leur santé se dégrader jour après jour.
Cette crise sanitaire au Sud-Kivu illustre tragiquement le cercle vicieux qui unit conflit armé et détérioration des conditions de vie des civils. Les combats FARDC-M23 ont non seulement forcé des milliers de personnes à l’exode, mais ils ont également anéanti le système de santé local, créant ainsi une urgence humanitaire en RDC dont l’ampleur dépasse les simples conséquences immédiates des affrontements.
Les acteurs sociaux locaux tirent la sonnette d’alarme : l’accès aux médicaments dans la région de Chishadu est devenu un luxe inaccessible pour la majorité de la population. Comment expliquer qu’en 2025, dans une région aussi stratégique que le Sud-Kivu, des personnes doivent choisir entre se soigner et se nourrir ? Cette question rhétorique révèle l’ampleur du drame qui se joue dans l’indifférence relative.
Les scènes de pillage qui ont accompagné les récents combats dans les zones de Chishadu, Chulwe, Mwegerera et Lubuhu ont créé un vide sanitaire dont les conséquences risquent de persister bien après la fin des hostilités. La destruction des infrastructures de santé compromet gravement non seulement la prise encharge des maladies courantes, mais également la capacité de la région à faire face à d’éventuelles épidémies.
Face à cette urgence humanitaire en RDC, les organisations humanitaires sont appelées à intervenir en urgence. Leur soutien est crucial pour rétablir un minimum de services de santé et éviter que la situation ne dégénère en catastrophe humanitaire plus large. La réponse doit être rapide, coordonnée et adaptée aux besoins spécifiques de cette population doublement victime : d’abord de la violence des combats, ensuite de l’effondrement du système de santé.
La communauté internationale et les autorités congolaises doivent prendre la mesure de cette crise sanitaire au Sud-Kivu qui menace de s’étendre à toute la région si aucune action décisive n’est entreprise. Le temps presse pour les déplacés de Chishadu qui, après avoir tout perdu dans leur fuite, retrouvent un foyer dépourvu des services les plus élémentaires. Leur résilience face à l’adversité mérite plus qu’une simple attention médiatique – elle exige une mobilisation concrète et immédiate.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net