Une nouvelle tragédie secoue la région de Lubero au Nord-Kivu. Trois civils, préalablement enlevés par les rebelles ougandais de l’Allied Democratic Forces (ADF), ont été retrouvés sans vie ce vendredi 10 octobre dans le groupement Bapakombe, secteur des Bapere. Leurs corps ont été découverts à proximité immédiate du lieu de leur capture survenue la veille à Itembo.
Selon des témoins directs, le drame s’est déroulé en deux temps. Les assaillants ADF Nord-Kivu ont d’abord capturé Maisha et son jeune frère Grâce, avant de revenir quelques instants plus tard pour enlever leur sœur Edwige. Les trois victimes se trouvaient en visite familiale lorsqu’elles ont été prises pour cible. Comment expliquer une telle barbarie en plein cœur du territoire de Lubero ?
La société civile locale a confirmé ces faits avec consternation. Dans une déclaration ferme, elle qualifie cette attaque d’« énième acte barbare » et exige des autorités une intensification immédiate des opérations militaires contre les auteurs de ces crimes. La sécurité Lubero apparaît plus que jamais compromise face à la recrudescence des activités des groupes armés.
La découverte des dépouilles s’est déroulée dans une atmosphère de profonde émotion. Une délégation du comité de sécurité, conduite par le chef de secteur des Bapere Macaire Sivikunulwa Mwendivwa, s’est immédiatement rendue sur les lieux pour apporter son soutien aux familles décimées par ce drame. Les opérations de levée des corps ont mobilisé la communauté locale, profondément marquée par cette nouvelle violence.
Ce triple meurtre s’inscrit dans un contexte sécuritaire déjà fortement dégradé dans la région. Mardi 7 octobre, au moins cinq autres civils ont perdu la vie lors d’une attaque similaire des rebelles ADF RDC dans le village de Rizerie, situé sur l’axe Ombole-Robinet, dans le groupement Babika. Ces otages Lubero successifs interrogent sur l’efficacité des mesures de protection des populations civiles.
Face à cette escalade de violence, l’armée congolaise maintient pourtant son discours offensif. Les autorités militaires affirment avoir enregistré des avancées significatives contre ces islamistes. Le samedi 4 octobre, quinze otages avaient été présentés à la presse après leur libération suite à des opérations menées en profondeur dans les territoires de Beni et Lubero.
Lors de ces opérations récentes, deux combattants ADF ont été capturés, ainsi que quatre présumés collaborateurs. Ces derniers sont accusés d’appartenir à la chaîne de ravitaillement et de renseignement du groupe armé. Mais ces succès apparents suffiront-ils à rassurer les populations locales, quotidiennement exposées aux attaques Bapere répétées ?
La persistance de ces incidents mortels soulève des questions cruciales sur la stratégie de sécurisation mise en œuvre dans la région. Les communautés du secteur des Bapere vivent dans une peur constante, malgré les annonces répétées de progrès militaires. La récurrence des enlèvements et exécutions sommaires démontre la capacité d’adaptation et de résilience des rebelles ADF RDC.
Les observateurs pointent du doigt la complexité du terrain et la porosité des frontières comme facteurs favorisant la persistance de ces groupes armés. La région continue de payer un lourd tribut à l’insécurité, avec des civils pris entre les différentes forces en présence. Les otages Lubero deviennent malheureusement le symbole d’un conflit qui semble s’éterniser.
Alors que les funérailles des victimes s’organisent dans la douleur, la communauté internationale reste attentive à l’évolution de la situation sécuritaire dans cette partie instable de la République Démocratique du Congo. L’efficacité de la réponse apportée à ces attaques Bapere répétées constituera un test décisif pour les autorités tant militaires que civiles.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd