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M Kadima : le pinceau congolais qui défie le Rwanda sur le terrain numérique

Dans la fournaise de l’Est congolais, où les balles sifflent depuis des décennies, une autre bataille fait rage sur les écrans numériques. M Kadima, artiste-peintre congolais, a transformé son atelier en champ de bataille virtuel, ses pinceaux en armes de résistance massive. Comment l’art peut-il devenir un rempart contre l’agression ? La réponse se dessine dans chaque trait, chaque couleur que cet artiste engage déploie contre ce qu’il nomme l’influence rwandaise dans la crise sécuritaire congolaise.

Son œuvre la plus emblématique, dévoilée en 2022, représente le président rwandais Paul Kagame arborant le maillot du Paris Saint-Germain. Cette image, à la fois esthétique et subversive, a déclenché une onde de choc dans l’espace numérique africain. « Pendant la guerre en Ukraine, toutes les entreprises russes ont été lourdement sanctionnées. Mais pourquoi, face à l’agression rwandaise, aucune sanction n’a-t-elle frappé les multinationales et partenaires du Rwanda ? » interroge l’artiste, dont la voix porte désormais bien au-delà de son atelier.

La cible de cette offensive artistique n’est pas choisie au hasard. Le partenariat entre le PSG et Visit Rwanda, signé en 2019 et prolongé jusqu’en 2028, représente un contrat de soft power estimé à 15 millions d’euros annuels. M Kadima a saisi cette opportunité pour transformer le terrain de football en arène politique. « J’ai pensé que la RDC avait la plus grande communauté de supporters du PSG en Afrique, bien plus que le Rwanda. Alors j’ai décidé de ramener ce club emblématique dans la bataille », explique-t-il avec cette conviction qui caractérise les grands militants.

Le mouvement de résistance numérique qu’il a initié a pris des proportions insoupçonnées. Des milliers de Congolais et d’Africains ont répondu à son appel, inondant les réseaux sociaux du slogan « Rwanda is killing » accompagné de ses créations. L’intensité de cette mobilisation a été telle que le logo Visit Rwanda a temporairement disparu des publications du club parisien. Cette victoire symbolique, bien qu’éphémère, a démontré la puissance de l’art comme instrument de lutte politique dans l’espace numérique congolais.

Mais cette résistance artistique a un prix. M Kadima a payé cher son engagement : menaces réitérées, suppression de comptes sociaux, rupture de contrats commerciaux. « J’ai perdu des marchés, mais pas ma conviction. L’amour du Congo vaut plus que l’argent. Dans cette guerre, mes pinceaux sont devenus mes armes », confie l’artiste, dont la détermination semble inébranlable face aux pressions.

La pétition mondiale lancée dans le sillage de son action a recueilli plus de 70 000 signatures, propulsant le débat sur le soutien économique indirect au Rwanda sur la scène médiatique internationale. Cette mobilisation soulève des questions fondamentales sur le rôle des partenariats sportifs dans les conflits géopolitiques. Le soft power rwandais, soigneusement construit through ces alliances prestigieuses, se trouve ainsi contesté par le contre-pouvoir artistique congolais.

M Kadima incarne cette nouvelle génération d’artistes africains qui refusent la neutralité complice. Pour lui, la culture dépasse le cadre de la simple création esthétique pour devenir un instrument d’éveil collectif et d’affirmation souveraine. Son œuvre interroge notre rapport à la mémoire, à la violence et à la résistance dans un Congo meurtri mais debout.

Alors que la crise sécuritaire persiste dans l’Est de la RDC, l’art de M Kadima continue de tracer sa route, fragile mais tenace, comme ces fleurs qui parviennent à pousser dans les terrains les plus arides. Sa résistance numérique ouvre une nouvelle brèche dans le paysage des luttes contemporaines, démontrant que les batailles se gagnent aussi par les images et les symboles. Dans cette guerre où les armes parlent depuis trop longtemps, les pinceaux de M Kadima offrent une autre manière de combattre, une résistance qui se joue des frontières et des conventions.

Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd

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Yvan Ilunga
Yvan Ilunga
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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