La ville de Kinshasa s’engage résolument dans une transformation urbaine structurelle avec la tenue d’un atelier technique décisif sur la planification urbaine intégrée. Cet événement marquant, organisé par la cellule Infrastructures du ministère des Infrastructures et Travaux publics, constitue une étape cruciale dans la matérialisation du Projet de développement multisectoriel et de résilience urbaine de Kinshasa (Kin-Elenda).
Comment la capitale congolaise peut-elle concilier développement économique impératif et gestion durable de son territoire ? La réponse semble se dessiner à travers cet atelier qui a présenté les outils fondamentaux de la planification urbaine RDC : les Plans Locaux d’Aménagement (PLA), les Plans Particuliers d’Aménagement (PPA), le Plan de Mobilité Urbaine Durable (PMUD), ainsi que l’étude sur le Développement Orienté vers le Transport et la Capture de la Valeur Foncière (TOD/LVC).
Le financement de la Banque mondiale confère à Kin-Elenda une envergure stratégique incontestable. Ce soutien financier international s’inscrit dans une vision plus large d’accompagnement du gouvernement provincial dans ses efforts de modernisation de la gestion urbaine et d’amélioration des conditions de vie des Kinois. L’impact économique potentiel de ce projet s’annonce considérable, tant en termes d’attractivité des investissements que d’optimisation des ressources foncières.
Deux territoires emblématiques concentrent les efforts de l’aménagement territoire Kinshasa : le bassin versant de la rivière N’Djili et la Zone Économique Spéciale de Maluku. Cette dualité territoriale illustre parfaitement la complexité des défis urbains kinois. D’un côté, la sécurisation d’une zone vulnérable aux inondations et à l’érosion ; de l’autre, la structuration d’un pôle de croissance industrielle et logistique majeur.
Billy Tshibambe, coordonnateur de la cellule d’infrastructure, souligne l’importance stratégique de cette démarche : « L’objectif est de présenter les orientations stratégiques liées à l’aménagement urbain, la mobilité et la résilience des espaces dans les zones pilotes. » Cette approche intégrée répond à une nécessité impérieuse de coordination des politiques urbaines.
La vision politique derrière cette initiative trouve son expression dans les propos d’Israël Mutala, directeur de cabinet du gouverneur Daniel Bumba. Celui-ci insiste sur la continuité avec le schéma d’orientation stratégique et d’aménagement de Kinshasa (SOSAK) et du Plan directeur des transports de Kinshasa (PDTK). « Nous essayons de mettre en œuvre des instruments pour que tous les désordres auxquels nous assistons dans la ville ne puissent plus se reproduire », affirme-t-il, faisant référence aux récentes opérations de démolition pour récupérer les emprises publiques.
La dimension opérationnelle du projet prend forme sous la direction de Youssef Samlali, chef de mission du groupement UrbaPlan/Artelia/Transitec. Le plan opérationnel de Kin-Elenda Kinshasa se structure autour de trois horizons temporels : 5, 10 et 15 ans. Cette progressivité dans la mise en œuvre permet d’articuler vision à long terme et actions immédiates, notamment face à l’urgence des inondations dans le bassin de N’Djili.
Les mesures d’urgence proposées révèlent la dimension pragmatique de cette planification : délimitation d’une zone rouge interdite de construction, délocalisation des populations à risque, et réhabilitation en zones naturelles et de rétention des eaux. Ces interventions ciblent particulièrement les communes de Kisenso, Kimbanseke et Mont Ngafula, épicentres des récentes catastrophes hydriques.
Le projet Banque mondiale RDC représente ainsi un tournant décisif dans l’histoire urbaine de Kinshasa. La capitalisation des expériences passées et l’intégration des meilleures pratiques internationales positionnent la métropole congolaise sur une trajectoire de développement durable. L’enjeu dépasse largement la simple régulation foncière : il s’agit de construire une ville résiliente, compétitive et socialement inclusive.
L’atelier technique du 7 octobre constitue donc bien plus qu’une simple présentation d’études. Il matérialise la volonté politique de rompre avec les pratiques urbaines désordonnées du passé et d’instaurer une culture de la planification stratégique. Les outils présentés – PLA, PPA, PMUD, TOD/LVC – forment l’armature réglementaire et technique nécessaire pour encadrer la croissance future de la capitale.
La réussite de ce développement infrastructures Kinshasa dépendra cependant de plusieurs facteurs clés : la pérennité de l’engagement politique, la coordination entre les différentes institutions, l’adhésion des populations concernées, et la capacité à mobiliser les financements complémentaires nécessaires. La Banque mondiale, en tant que partenaire financier principal, jouera un rôle déterminant dans ce processus.
À l’heure où les villes africaines font face à des défis urbains sans précédent, l’expérience kinoise en matière de planification intégrée pourrait constituer un modèle de référence pour d’autres métropoles du continent. La transformation de Kinshasa en une ville durable et compétitive n’est plus une simple aspiration, mais devient progressivement une réalité opérationnelle.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
