Dans une décision historique, le Comité de Politique Monétaire de la Banque Centrale du Congo a opéré un virage spectaculaire en réduisant son taux directeur de 750 points de base, le faisant passer de 25,0% à 17,5%. Cette mesure audacieuse intervient dans un contexte économique national marqué par des améliorations significatives, notamment une inflation en net recul et une appréciation remarquable du franc congolais.
Le troisième trimestre 2025 a confirmé la stabilisation de l’économie congolaise, avec un taux d’inflation qui s’établit désormais à 7,8% en glissement annuel à fin septembre, contre 15,1% à la même période en 2024. Cette performance traduit une maîtrise évidente du rythme de formation des prix, tandis que la monnaie nationale affiche une santé robuste sur les marchés des changes.
Comment expliquer cette embellie économique ? Le franc congolais s’est apprécié d’environ 11,6% sur le marché officiel et de 7,8% sur le marché parallèle, atteignant des niveaux de change de 2.548,80 CDF pour un dollar américain à l’interbancaire et 2.659,28 CDF au parallèle. Cette dynamique positive résulte d’une combinaison de mesures structurelles entreprises par les autorités monétaires.
La Banque Centrale du Congo a déployé une stratégie multidimensionnelle incluant des interventions directes sur le marché des changes, avec une cession de 50 millions de USD le 18 août 2025. L’actualisation du taux de change appliqué au stock de la réserve obligaire sur les dépôts en dollars a permis de ponctionner 371 milliards pour le premier palier, tandis que l’organisation plus transparente du marché des changes et l’amélioration de la gestion de la liquidité bancaire ont contribué à cette stabilisation.
Les perspectives économiques semblent encourageantes pour les douze prochains mois. Le Comité de Politique Monétaire anticipe une poursuite de la décélération de l’inflation autour de l’objectif de moyen terme de 7,0%, précisément à 6,8%. Cette trajectoire devrait s’accompagner d’une stabilisation du taux de change à des niveaux plus bas et d’une croissance économique robuste en 2026.
La décision d’assouplissement monétaire s’inscrit dans cette logique prospective. Outre la baisse du taux directeur, le taux sur les facilités de prêt marginal passe de 30,0% à 21,5%. Les coefficients de réserve obligatoire restent inchangés à 12,0% pour les dépôts à vue et 0,0% pour les dépôts à terme en monnaie nationale, tandis que les réserves sur les dépôts en devises se maintiennent à 13,0% et 12,0% respectivement.
Dans un environnement international marqué par la hausse des droits de douane américains et les tensions géopolitiques, la performance économique de la RDC contraste avec le ralentissement mondial anticipé par l’OCDE. La croissance mondiale devrait en effet décélérer à 3,2% en 2025 et 2,9% en 2026, contre 3,3% en 2024.
La Banque Centrale du Congo entend poursuivre ses efforts avec la mise en œuvre, à partir du 15 octobre, du deuxième palier d’actualisation du taux de change appliqué sur la réserve obligatoire. Cette mesure visera à ponctionner la liquidité supplémentaire et à encourager les opérateurs économiques à dénouer leurs transactions en monnaie nationale.
Cette orientation de la politique monétaire de la RDC reçoit l’aval des plus hautes autorités. Le Président Félix Tshisekedi a salué ces résultats probants, soulignant l’affermissement significatif du Franc Congolais vis-à-vis du dollar américain, avec une appréciation de 9,1% depuis le 19 septembre 2025 sur le marché interbancaire.
Cette évolution positive s’inscrit dans la mise en œuvre concrète du programme d’actions du gouvernement 2024-2028, qui place l’amélioration du pouvoir d’achat des Congolais au cœur des priorités nationales. La coordination entre politique monétaire et budgétaire semble ainsi porter ses premiers fruits, ouvrant une nouvelle ère pour l’économie congolaise.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd