La salle de conférence d’Asnières a servi de cadre samedi à une démonstration intellectuelle aussi rare que nécessaire dans le paysage congolais. Guylain Tshibamba, écrivain et stratège, y a présenté sa Stratégie pour mettre fin aux agressions militaires en RD Congo, un ouvrage qui pourrait bien redéfinir les paramètres du débat sécuritaire national. Face à un public acquis à la cause patriotique, l’auteur a déployé pendant plus de trois heures une analyse géopolitique aussi précise qu’implacable du conflit M23 RDC.
Quelle approche adopter face à ce que Tshibamba qualifie de « conflit de trop » ? L’écrivain-journaliste propose ni plus ni moins qu’une refondation complète du système de défense national. Sa thèse centrale : les agressions militaires Est Congo ne pourront prendre fin qu’à travers une réorganisation structurelle des FARDC. « Il ne s’agit pas simplement d’ajuster quelques paramètres, mais de repenser fondamentalement notre architecture militaire », a-t-il affirmé devant un auditoire conquis.
La proposition phare de Tshibamba ? La création d’une armée nouvelle, professionnalisée à outrance, capable d’éradiquer les failles qui minent l’institution depuis des décennies. Le livre de Guylain Tshibamba développe une argumentation serrée sur la nécessité d’éliminer les éléments déloyaux et les déserteurs, considérés comme des vecteurs de fragilité dans la lutte contre l’insurrection. Cette vision s’inscrit dans une perspective plus large où la défense nationale devient le pilier incontournable de toute stratégie paix RDC.
L’auteur insiste sur l’impérieuse nécessité d’intégrer la sécurité dans l’équation du développement. « Comment prétendre bâtir un État prospère sans garantir au préalable l’intégrité territoriale et la protection des citoyens ? », interroge-t-il avec une pointe de rhétorique qui n’a pas manqué de susciter l’approbation générale. Cette position reflète une prise de conscience grandissante au sein des cercles intellectuels congolais : la résolution du conflit M23 RDC conditionne l’avenir même de la nation.
Le parcours de Tshibamba – journaliste et entrepreneur à la tête de plusieurs structures – lui confère une crédibilité certaine pour aborder ces questions. Son ouvrage, tiré d’un mémoire défendu au Collège des Hautes Études des Stratégies et Défense, représente la synthèse d’années de réflexion sur les enjeux sécuritaires congolais. La présentation parisienne, organisée par des mouvements patriotiques et panafricains, s’inscrit dans une dynamique de diffusion internationale des idées développées initialement à Kinshasa.
Au-delà des propositions concrètes, le livre de Tshibamba pose une question fondamentale : la classe politique congolaise est-elle prête à assumer les réformes nécessaires ? La réforme FARDC envisagée nécessiterait une volonté politique inébranlable et des moyens conséquents. L’auteur semble conscient des obstacles, mais son analyse suggère que l’alternative – le statu quo – mènerait inexorablement à l’aggravation des agressions militaires Est Congo.
La conférence s’est achevée sur une note optimiste, avec des échanges prometteurs entre les différents mouvements panafricains présents. Reste à savoir si ces idées trouveront un écho au sein des institutions congolaises. La stratégie paix RDC proposée par Tshibamba représente-t-elle une feuille de route réaliste ou une utopie de plus ? L’avenir immédiat de la région orientale du Congo apportera sans doute des éléments de réponse.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd