La colère monte dans les salles de classe de Dungu, où les enseignants vivent un calvaire financier récurrent. Alors que l’année scolaire 2025-2026 débute difficilement, ces éducateurs dénoncent des retards de salaire qui s’éternisent et réclament une solution durable : la bancarisation de leur paie. Comment assurer une éducation de qualité quand les enseignants doivent composer avec une précarité persistante ?
Dans la sous-division provinciale de l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté de Dungu, au cœur du Haut-Uele, la situation devient critique. Les enseignants accusent actuellement deux mois d’arriérés de salaire – août et septembre 2025 – selon les informations des syndicats locaux. Ce retard, loin d’être isolé, s’inscrit dans un schéma récurrent qui mine le moral des éducateurs et compromet la qualité de l’enseignement.
Le système actuel, géré par Caritas développement, est pointé du doigt comme responsable de ces dysfonctionnements chroniques. « Nous sommes épuisés par cette situation des retards de paiement dont nous sommes constamment victimes », témoigne Jean-Paul Laglise, président intersyndical des enseignants de Dungu. « La Caritas a vraiment montré ses limites », assène-t-il, résumant le sentiment général d’exaspération.
La demande de bancarisation prend donc tout son sens dans ce contexte tendu. Les enseignants estiment que le passage au système bancaire représenterait une solution crédible pour garantir transparence, traçabilité et surtout ponctualité dans le versement de leurs salaires. Cette revendication s’appuie sur un constat simple : dans d’autres territoires de la RDC où la paie est gérée par les banques, les retards sont nettement moins fréquents, voire inexistants.
Les conséquences de cette situation dépassent largement le cadre purement financier. La rentrée scolaire dans la sous-division de Dungu a pris du retard, accusant deux semaines de décalage par rapport au calendrier officiel. Un retard qui affecte directement des milliers d’élèves et compromet leur droit à l’éducation. Comment expliquer aux enfants l’importance de la ponctualité quand leurs enseignants ne sont pas payés à temps ?
Les syndicats du secteur éducatif dénoncent ce qu’ils qualifient de traitement discriminatoire. Pourquoi les enseignants de Dungu continueraient-ils à subir ces retards alors que leurs collègues d’autres zones bénéficient d’un système plus efficace ? Cette inégalité de traitement crée un sentiment d’injustice qui ne fait qu’amplifier la colère.
La bancarisation des salaires des enseignants représenterait-elle la panacée ? Si cette solution semble techniquement réalisable, sa mise en œuvre nécessite une volonté politique ferme et une coordination entre les différentes administrations concernées. Les autorités provinciales et nationales sont interpellées pour intervenir d’urgence et mettre fin à cette précarité persistante.
Au-delà des simples considérations administratives, c’est l’avenir de toute une génération d’élèves qui se joue dans cette affaire. Comment maintenir la motivation des enseignants quand leur situation financière reste incertaine ? Comment assurer la continuité pédagogique dans un contexte aussi volatil ? Autant de questions qui méritent des réponses concrètes et rapides.
La situation à Dungu soulève des interrogations plus larges sur la gestion des ressources humaines dans le secteur éducatif congolais. Les retards dans le paiement des salaires des enseignants ne sont-ils pas un frein au développement de l’éducation en RDC ? La modernisation des systèmes de paiement ne devrait-elle pas être une priorité pour garantir la stabilité du corps enseignant ?
Alors que le débat sur la qualité de l’enseignement en République Démocratique du Congo continue d’animer les discussions, le cas de Dungu rappelle cruellement que sans des conditions de travail décentes pour les enseignants, toute réforme éducative risque de rester lettre morte. La bancarisation de la paie pourrait bien être le premier pas vers une véritable valorisation de la profession enseignante dans cette région du Haut-Uele.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd
