Le centre de santé d’Oninga, situé dans le groupement Usala au territoire de Walikale, fait face à une situation sanitaire alarmante. Depuis deux semaines, cette structure médicale est submergée par une épidémie de diarrhée qui a déjà causé la mort de sept personnes, dont deux femmes et cinq enfants. Sur 28 cas officiellement recensés, la mortalité atteint un taux préoccupant de 25%, révélant l’urgence absolue de la situation dans cette zone reculée du Nord-Kivu.
Le chef du groupement Usala, Mwami Bitamba Eliba Himly, alerte sur le danger immédiat qui plane sur toutes les personnes atteintes. « Leur prise en charge médicale pose problème », déplore-t-il, pointant du doigt le manque criant de médicaments essentiels. Comment une telle situation a-t-elle pu se développer sans que les autorités sanitaires ne soient informées ? La réponse se trouve peut-être dans l’isolement géographique de la région.
La crise sanitaire au Nord-Kivu prend une dimension particulière avec l’afflux de déplacés fuyant les combats du M23 dans le groupement voisin d’Ikobo. Ces populations, déjà traumatisées par la violence, se retrouvent confrontées à un nouveau fléau : la maladie. La promiscuité dans les sites d’accueil et la consommation d’eau non potable créent des conditions idéales pour la propagation des germes pathogènes.
Mais qu’est-ce qui rend cette épidémie de diarrhée à Oninga si dangereuse ? Les infections diarrhéiques, lorsqu’elles ne sont pas traitées rapidement, peuvent entraîner une déshydratation sévère, particulièrement mortelle chez les enfants et les personnes fragiles. Sans accès aux sels de réhydratation orale et aux antibiotiques appropriés, les patients voient leur état se dégrader rapidement, transformant une maladie habituellement traitable en condamnation certaine.
Le centre de santé d’Oninga, qui devrait être le premier rempart contre cette urgence médicale à Walikale, se trouve dépassé par l’ampleur de la crise. Certains patients sont admis dans la structure médicale, tandis que d’autres, faute de place ou de moyens de transport, restent confinés à domicile, où leurs chances de survie diminuent heure après heure.
La communication avec les autorités sanitaires supérieures semble rompue. Le Dr Théophile Muka, médecin chef de zone de santé de Pinga par intérim, contacté par ACTUALITE.CD, affirme ne pas être au courant de la situation. « La zone d’Oninga n’est pas couverte par un réseau cellulaire », explique-t-il, révélant ainsi l’isolement informationnel qui aggrave la crise sanitaire. Pourtant, il promet de mobiliser son équipe pour envoyer des superviseurs sur place afin d’évaluer la situation et préparer une riposte appropriée.
Cette situation met en lumière les défis structurels du système de santé dans les zones reculées de la RDC. Comment garantir l’accès aux soins de base lorsque les centres de santé manquent de médicaments essentiels et que les communications avec les autorités sanitaires sont coupées ? La mortalité par diarrhée en RDC reste un problème de santé publique majeur, particulièrement dans les régions où l’accès à l’eau potable et à l’assainissement reste limité.
Le plaidoyer de Mwami Bitamba Eliba Himly pour un appui en médicaments résonne comme un cri d’alarme dans l’indifférence générale. Chaque heure perdue dans l’acheminement des secours médicaux pourrait coûter la vie à de nouveaux patients. La rapidité de la réponse des autorités sanitaires déterminera l’ampleur finale de cette tragédie évitable.
Cette urgence médicale à Walikale soulève des questions fondamentales sur la résilience du système de santé face aux crises sanitaires dans les zones conflictuelles. La combinaison mortelle entre les déplacements de population, la précarité des conditions d’hygiène et l’isolement géographique crée un terrain propice aux épidémies, rappelant que la santé publique reste un défi permanent dans certaines régions de la RDC.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
