Alors que les défis éthiques persistent au sein de l’administration publique congolaise, le ministère de l’Éducation nationale et Nouvelle citoyenneté prend un virage décisif en lançant une campagne nationale de sensibilisation au code de conduite des agents publics. Cette initiative marque-t-elle le début d’une nouvelle ère pour la gouvernance éthique dans le secteur éducatif en RDC ?
La cérémonie officielle, présidée par Alexis Yoka Lapu Linangu, secrétaire général intérimaire du ministère, a rassemblé les hauts cadres de l’administration éducative autour d’un engagement sans précédent. Chaque agent devra désormais signer un acte d’engagement individuel au code de conduite, document qui sera archivé dans son dossier administratif avec une copie numérique pour assurer une traçabilité totale.
Mais pourquoi cette campagne arrive-t-elle à point nommé dans le paysage éducatif congolais ? La réponse réside dans la volonté affirmée de promouvoir une gouvernance fondée sur l’éthique, la responsabilité et la bonne conduite. Le code de conduite de l’agent public en RDC établit des normes strictes concernant la lutte contre les abus de pouvoir, l’exploitation, le harcèlement et les violences sexuelles.
La problématique des violences basées sur le genre en milieu scolaire occupe une place centrale dans cette initiative. Alexis Yoka Lapu Linangu n’a pas manqué de qualifier ces phénomènes de « récurrents », soulignant l’urgence d’une action concertée. Le ministère de l’Éducation nationale RDC dispose désormais d’un mécanisme de gestion des plaintes avec des points focaux déployés dans les écoles et structures éducatives.
Comment garantir que ces engagements se traduiront en actes concrets ? La réponse semble résider dans l’approche systémique adoptée. Cette campagne représente la deuxième phase des activités de vulgarisation du code dans le cadre du Projet d’Apprentissage et d’Autonomisation des Filles (PAAF), bénéficiant du soutien technique et financier de la Banque mondiale.
Le projet PAAF, véritable fer de lance de l’autonomisation des filles en RDC, s’inscrit dans une vision plus large de transformation du système éducatif. En ciblant initialement les cadres dirigeants – directeurs, chefs de service et inspecteurs généraux adjoints – le ministère entend créer un effet d’entraînement sur l’ensemble de la pyramide administrative.
La gouvernance éthique dans l’éducation constitue-t-elle simplement un vœu pieux ou une véritable priorité ? Les mesures annoncées semblent démontrer une volonté réelle de changement. L’archivage systématique des engagements dans les dossiers administratifs, couplé à la digitalisation des documents, représente une avancée significative vers une administration plus transparente.
Le milieu scolaire doit redevenir un espace sécurisant pour tous, affirme la direction du ministère. Cette préoccupation reflète une prise de conscience accrue des enjeux de protection dans les établissements d’enseignement. La lutte contre les violences de genre en milieu scolaire n’est plus une option mais une nécessité impérieuse.
Quels seront les prochains défis à relever ? La généralisation du processus de signature à l’ensemble du personnel administratif et politique du ministère s’annonce comme une étape cruciale. Cette dynamique de sensibilisation nationale pourrait bien marquer un tournant décisif dans la modernisation de la fonction publique éducative congolaise.
L’intégrité et la transparence deviennent ainsi les maîtres-mots d’une administration en quête de légitimité et d’efficacité. Le code de conduite des agents publics en RDC n’apparaît plus comme une simple formalité administrative mais comme le fondement d’une nouvelle culture organisationnelle.
La réussite de cette initiative dépendra largement de la capacité du ministère à maintenir la mobilisation sur le long terme. Les jours à venir seront déterminants pour évaluer l’appropriation réelle de ces principes éthiques par l’ensemble des acteurs du système éducatif congolais.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net