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Kongo-Central : violences à l’assemblée et démission du président

La démocratie congolaise aurait-elle sombré dans la violence institutionnelle ? La scène qui s’est déroulée ce lundi 6 octobre 2025 au sein de l’assemblée provinciale du Kongo-Central laisse perplexe sur l’état de notre culture politique. Alors que la nation s’apprêtait à observer le déroulement pacifique des procédures parlementaires, c’est un spectacle de chaos qui s’est imposé, remettant en cause les fondements mêmes de notre édifice démocratique.

Les violences inédites qui ont éclaté dans l’hémicycle provincial ne constituent pas un simple incident de parcours, mais révèlent une fracture profonde au sein de l’institution. Comment expliquer que des élus du peuple en viennent à s’affronter physiquement, au mépris total des principes élémentaires de délibération civilisée ? La réponse se niche peut-être dans l’enjeu crucial qui sous-tendait cette séance houleuse : l’examen imminent d’une motion de déchéance visant le président de l’assemblée et son vice-président.

L’intervention de Jean-Marc Nzeyidio Lukombo, conseiller du vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur, prend dans ce contexte une résonance particulière. Son appel à la « cohabitation pacifique » sonne comme un rappel à l’ordre face à des comportements qu’il qualifie avec justesse d’« indignes » et contraires au « respect du jeu démocratique ». La condamnation ferme de ces actes de violence par les autorités nationales envoie un signal fort : la République ne saurait tolérer que ses institutions deviennent des arènes de règlement de comptes.

Le cœur du différend réside dans l’installation du bureau d’âge, cette instance chargée de superviser l’examen des motions et pétitions. Procédure légale s’il en est, son blocage par des méthodes musclées interroge sur la maturité politique de certains acteurs. Le président Papy Mantezolo a-t-il cru éteindre l’incendie en démissionnant dans la soirée de lundi ? La question mérite d’être posée, tant cette décision intervient dans un contexte d’extrême pression.

La délocalisation de la plénière vers la salle des mariages de la mairie de Matadi symbolise à elle seule la gravité de la crise politique au Kongo Central. Quand les institutions républicaines doivent quitter leur siège légitime pour fonctionner, n’est-ce pas le signe d’un dysfonctionnement profond ? L’installation finale du bureau d’âge dans ces conditions exceptionnelles démontre une résilience institutionnelle, mais ne doit pas occulter les failles béantes qui viennent d’être révélées.

La motion de déchéance qui plane toujours sur l’ancien président de l’assemblée constitue désormais l’épicentre de cette tempête politique. Son examen, maintenu ce mardi 7 octobre, représentera le véritable test de la capacité des élus provinciaux à transcender leurs divisions. Les accusations de mauvaise gestion qui pèsent sur l’ex-bureau dirigé par Papy Mantezolo trouveront-elles une réponse à la hauteur des enjeux, ou assistera-t-on à une nouvelle escalade de violences à l’assemblée provinciale ?

La crise politique au Kongo Central dépasse le simple cadre provincial. Elle interroge la solidité de nos institutions décentralisées et leur capacité à incarner l’État de droit. Le gouvernement central, par la voix de son représentant, en appelle au calme et au respect des règles démocratiques. Mais cet appel suffira-t-il à apaiser les tensions, ou faudra-t-il des mesures plus substantielles pour garantir la stabilité institutionnelle ?

Les dégâts matériels enregistrés dans l’hémicycle ne sont que le reflet visible des blessures infligées à la démocratie locale. Plus grave encore, les séquelles laissées sur les députés et journalistes blessés durant ces affrontements rappellent cruellement le prix parfois payé lorsque la politique tourne au conflit physique. Cette dérive doit servir d’électrochoc pour l’ensemble de la classe politique congolaise.

Alors que la procédure de motion déchéance en RDC suit son cours dans un climat délétère, la démission du président de l’assemblée marque-t-elle un nouveau départ ou simplement une pause dans une crise appelée à se prolonger ? La réponse dépendra de la sagesse dont feront preuve les acteurs politiques locaux dans les heures et jours à venir. L’installation du bureau d’âge, si elle constitue une avancée procédurale, ne saurait à elle seule garantir le retour à une pratique apaisée de la démocratie représentative.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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