Le corps sans vie de la petite fille de dix ans, retrouvé ce lundi matin du côté de Chovu, symbolise l’ampleur du drame qui frappe la communauté de Ngungu. « Elle a été emportée sous nos yeux par les eaux de pluie », raconte un habitant encore sous le choc, la voix brisée par l’émotion. Comment une simple averse a-t-elle pu transformer cette paisible agglomération du territoire de Masisi en paysage de désolation ?
Ce dimanche soir, des pluies diluviennes se sont abattues sur le Nord-Kivu avec une violence inouïe, provoquant la déviation brutale des eaux de la rivière Bishasha. Le résultat est catastrophique : une trentaine de maisons complètement inondées dans les quartiers Garage, Rusekera et Chovu, vers Kobokobo. Les eaux ont tout emporté sur leur passage, dévastant des biens matériels et plongeant des familles entières dans la précarité la plus absolue.
« Certains riverains ont passé la nuit à la belle étoile, d’autres dans des conditions précaires », alerte Jason Kabera, acteur de la société civile locale. Le tableau qu’il dresse est apocalyptique : des habitants qui ont tout perdu, obligés de dormir à ciel ouvert, tandis que d’autres tentent désespérément de récupérer leurs affaires ensevelies sous la boue. Le poste de santé local n’a pas été épargné, subissant d’importants dommages qui compromettent l’accès aux soins dans une région déjà vulnérable.
La catastrophe dépasse le cadre des habitations. Les champs agricoles, véritables greniers de la région, ont été totalement dévastés. Les cultures de pommes de terre et de haricots, essentielles en cette période culturale, ont été emportées par les flots, annihilant des mois de travail et compromettant la sécurité alimentaire de toute une communauté. Cette situation rappelle tragiquement les intempéries qui se sont abattues la semaine dernière sur Nyamilima, dans le territoire voisin de Rutshuru, où grêle et pluies avaient déjà détruit les cultures vivrières.
Face à l’urgence humanitaire qui s’annonce en RDC, Jason Kabera lance un cri d’alarme : « Nous sollicitons une assistance immédiate en semences et en biens de première nécessité ». Son appel s’adresse autant aux autorités congolaises qu’aux partenaires humanitaires, les exhortant à mettre en place un plan de contingence pour la prise en charge des sinistrés. Mais comment répondre efficacement à une crise d’une telle ampleur alors que les besoins dépassent largement les capacités locales ?
Ce lundi matin, tandis que le soleil se levait sur Ngungu, une course contre la montre s’organisait. Les habitants, résignés mais déterminés, ont commencé à réparer leurs habitations endommagées, tentant de sauver ce qui pouvait l’être. Pourtant, derrière cette volonté de reconstruction se cache une amère réalité : sans aide extérieure, comment ces familles pourront-elles retrouver une vie normale ?
Les inondations à Ngungu ne sont malheureusement pas un phénomène isolé dans le Nord-Kivu. Elles s’inscrivent dans une série de catastrophes naturelles qui frappent régulièrement la région, mettant en lumière la vulnérabilité des populations face aux aléas climatiques. Cette répétition des drames interroge : les dispositifs de prévention et de réponse aux catastrophes sont-ils suffisants pour protéger les communautés les plus exposées ?
Alors que la jeune victime des inondations de Ngungu sera inhumée dans les prochaines heures, toute une communauté pleure et s’interroge sur l’avenir. La solidarité locale s’organise tant bien que mal, mais elle ne suffira pas à panser les plaies de cette nouvelle catastrophe. Le territoire de Masisi, déjà éprouvé par des années de conflits, doit maintenant faire face à un ennemi tout aussi impitoyable : la nature déchaînée.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
