La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a exprimé sa profonde consternation suite à la condamnation à mort prononcée contre l’ancien chef de l’État Joseph Kabila. Dans une déclaration officielle rendue publique ce lundi 6 octobre, l’institution ecclésiastique a réaffirmé avec fermeté son opposition irréductible à l’application de la peine capitale en République Démocratique du Congo, qualifiant cette sentence de « violation du droit à la vie ».
Monseigneur Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO, a délivré un message vidéo largement diffusé sur les réseaux sociaux dans lequel il rappelle les fondements constitutionnels et religieux s’opposant à l’exécution de la peine de mort. « La constitution de notre pays consacre la sacralité de la vie humaine et la compte parmi les droits fondamentaux auxquels elle ne peut être portée atteinte en aucun cas », a-t-il déclaré avec solennité, avant d’ajouter : « L’exécution de la peine de mort est une violation du droit à la vie défendue par l’Église en s’appuyant sur la loi divine : ‘Tu ne tueras pas’, Exode 18 ».
Les évêques catholiques congolais ont manifesté leur profonde horreur face au verdict rendu par la Haute Cour militaire de Kinshasa, à l’issue de ce qu’ils qualifient de « procès pénal expéditif » engagé contre le président honoraire Joseph Kabila. Dans leur argumentaire théologique, les membres de la CENCO estiment que la peine de mort et sa logique de rétribution sont fondamentalement incompatibles avec l’évangile du Christ. Comment, en effet, une institution judiciaire peut-elle concilier les valeurs évangéliques avec l’élimination délibérée d’une vie humaine ?
Cette prise de position ne constitue pas une nouveauté dans le combat mené par l’Église catholique congolaise. Dès le 23 mars 2024, suite à la note circulaire du ministre de la Justice relative à la levée du moratoire sur l’exécution de la peine de mort, la CENCO avait appelé à une mobilisation générale en vue de la défense de la vie et de l’abolition définitive de la peine capitale en République Démocratique du Congo. La conférence épiscopale nationale du Congo avait alors plaidé pour que le moratoire débouche naturellement sur l’abolition, plutôt que sur la reprise d’une pratique qu’elle juge archaïque.
Monseigneur Nshole a particulièrement insisté sur cette contradiction dans son intervention : « Le moratoire devait naturellement aboutir à l’abolition et non à la reprise d’une mesure inhumaine qui, outre qu’elle constitue un échec pour une communauté digne de ce nom, blesse la dignité de la personne humaine créée à l’image de Dieu ». Cette déclaration soulève une question fondamentale : la RDC peut-elle véritablement prétendre à un État de droit moderne tout en maintenant dans son arsenal juridique une peine aussi controversée que la peine de mort ?
La position de la CENCO s’inscrit dans un débat plus large sur l’abolition de la peine de mort en RDC, débat qui oppose traditionnellement partisans de la rigueur pénale et défenseurs des droits humains. L’institution religieuse rejoint ainsi les nombreuses organisations de la société civile et les défenseurs des droits de l’homme qui militent pour que la République Démocratique du Congo rejoigne le camp des nations ayant aboli la peine capitale. La condamnation de l’ancien président Joseph Kabila donne à ce débat une actualité brûlante et une dimension politique incontestable.
Au-delà du cas spécifique de l’ancien chef de l’État, la CENCO entend porter un message universel sur la valeur absolue de toute vie humaine, indépendamment des crimes reprochés à un individu. Les évêques catholiques rappellent que la justice humaine, aussi imparfaite soit-elle, ne saurait s’arroger le droit de donner la mort, privilège qui, selon leur foi, appartient à Dieu seul. Cette affaire Joseph Kabila condamnation pourrait-elle sonner le glas de la peine de mort en RDC ? Seul l’avenir le dira, mais une chose est certaine : le débat sur l’abolition de la peine de mort vient de connaître une accélération notable avec cette prise de position ferme de la conférence épiscopale nationale du Congo.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net