L’hémicycle provincial de Kinshasa s’apprête à vivre un moment politique particulièrement attendu. Le député Aubain Mukanu, élu de Mont-Ngafula, a officiellement déposé une question orale avec débat à l’adresse du gouverneur Daniel Bumba, créant ainsi les conditions d’une confrontation parlementaire inédite sur la gestion de la capitale congolaise.
Cette initiative, formulée en septembre dernier mais reportée pour cause d’indisponibilité temporelle, retrouve aujourd’hui toute son actualité. Conformément à l’article 185 du Règlement d’Ordre Intérieur de l’Assemblée provinciale, le Bureau de l’institution dispose désormais d’un délai de sept jours pour transmettre cette interpellation au chef de l’exécutif urbain. Une procédure qui s’apparente à une mise en demeure politique pour le gouverneur sortant.
Le député Mukanu justifie sa démarche par la nécessité d’établir un bilan à mi-mandat et de rassurer la population kinoise sur l’exécution de la politique générale de la ville. Mais derrière cette justification protocolaire se cache une critique en règle de la gestion budgétaire et administrative de la métropole. La question orale député devient ainsi l’instrument d’un contrôle parlementaire longtemps attendu.
Parmi les griefs énumérés, le plus préoccupant concerne l’effondrement des recettes municipales. Selon les chiffres avancés par l’élu de Mont-Ngafula, les revenus de la ville seraient passés de 5 millions de dollars américains sous l’ère Gentiny Ngobila à peine 2 millions sous l’actuelle administration Bumba. Une chute vertigineuse qui interroge sur l’efficacité du système de collecte et la transparence dans la gestion Kinshasa.
Le manque de visibilité dans la perception des taxes à l’aéroport de Ndjili et dans le stationnement automobile constitue un autre point d’achoppement. Ces recettes municipales Kinshasa, vitales pour le fonctionnement des services urbains, semblent échapper à tout contrôle parlementaire effectif. Comment expliquer une telle opacité dans des secteurs aussi stratégiques pour les finances locales ?
La situation sociale n’est pas en reste, avec des arriérés de salaires persistants affectant les agents municipaux. Cette précarité financière des fonctionnaires locaux contraste étrangement avec la multiplication des marchés publics conclus de gré à gré, sans appel d’offres transparent. Une pratique qui soulève des interrogations légitimes sur l’équité dans l’attribution des marchés et la gestion du patrimoine immobilier de la ville.
Le dossier de la relance du Marché Central, plus communément appelé Zando, ajoute une couche supplémentaire aux préoccupations. L’opacité entourant cette opération d’envergure interpelle sur les véritables bénéficiaires de ce projet et son impact réel sur l’économie locale. Daniel Bumba devra apporter des éclaircissements sur ce point sensible de sa politique urbaine.
Face à ces accusations multiples, Aubain Mukanu se défend de toute motivation partisane. Son initiative s’inscrirait dans le strict cadre du contrôle parlementaire, un droit que les élus provinciaux peuvent exercer même pendant la session budgétaire. Une position qui vise à désamorcer d’éventuelles critiques sur le timing de cette interpellation.
Reste à savoir comment le gouverneur Daniel Bumba répondra à cette mise en cause frontale de sa gestion. Acceptera-t-il le débat public ou tentera-t-il de contourner cette procédure parlementaire ? La crédibilité de l’institution provinciale et la confiance des Kinois dans leurs dirigeants se joueront en partie dans la manière dont cette question orale sera traitée.
Au-delà de l’affrontement politique, c’est la capacité de l’Assemblée provinciale à exercer un contrôle effectif sur l’exécutif qui est en jeu. Cette interpellation pourrait constituer un précédent déterminant pour les relations entre les deux pouvoirs et marquer un tournant dans la pratique démocratique locale. La gestion Kinshasa se trouve ainsi placée sous le feu des projecteurs parlementaires, avec en ligne de mire l’amélioration des recettes municipales Kinshasa et la transparence administrative.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
