La ville de Mbuji-Mayi se pare de ses plus beaux atours pour accueillir le président Félix Tshisekedi ce dimanche 5 octobre, dans une démonstration de ferveur politique qui soulève plusieurs interrogations sur la portée réelle de cette visite officielle. Le chef de l’État effectue ce déplacement dans le Kasaï-Oriental avec un objectif affiché : inaugurer l’Université Officielle de Mbuji-Mayi (UOM) ce lundi 6 octobre. Mais au-delà de la simple cérémonie protocolaire, cette visite s’inscrit dans une stratégie politique plus large dont les ramifications méritent d’être analysées.
Dès les premières heures de dimanche, un dispositif sécuritaire impressionnant a été déployé dans la capitale du Kasaï-Oriental, particulièrement autour de l’aéroport de Bipemba où des centaines de sympathisants se sont massés. La ville transformée en véritable théâtre politique voit ses artères principales ornées de calicots et banderoles aux messages de bienvenue. Cette mise en scène soigneusement chorégraphiée interroge : s’agit-il d’une simple démonstration de soutien populaire ou d’une opération de communication politique savamment orchestrée ?
L’enthousiasme apparent des populations locales contraste avec les réalités socio-économiques de la région. Les habitants rencontrés saluent certes les réalisations du gouvernement provincial, notamment la réfection des routes et la construction de cette université moderne. Mais cette unanimité affichée masque-t-elle des attentes plus profondes en matière de développement régional ? La question mérite d’être posée alors que le président Tshisekedi place l’éducation supérieure au cœur de son discours politique.
L’Université Officielle de Mbuji-Mayi représente un investissement significatif dans le paysage éducatif congolais. Son nouveau site, construit sur l’ancien emplacement de l’UOM, se compose de bâtiments modernes incluant une résidence estudiantine dotée d’un réseau autonome d’eau potable. Cette infrastructure permettra aux étudiants issus d’autres provinces et zones reculées de poursuivre leurs études dans des conditions décentes. Mais cette réalisation suffira-t-elle à combler le déficit historique en matière d’enseignement supérieur dans la région ?
Depuis septembre, de nombreux lauréats de l’examen d’État ont manifesté leur intérêt pour cette nouvelle institution universitaire, témoignant d’un engouement certain pour l’offre éducative au Kasaï-Oriental. Cette adhésion massive des jeunes diplômés constitue-t-elle un indicateur de confiance dans le système éducatif national ou simplement la manifestation d’un besoin criant d’infrastructures universitaires dans cette partie du pays ?
La visite présidentielle à Mbuji-Mayi s’inscrit dans un contexte politique plus large où l’éducation devient un enjeu stratégique. Le président Tshisekedi, en inaugurant personnellement cette université, envoie un signal fort sur la place qu’il accorde au développement du capital humain dans sa vision de gouvernance. Mais cette initiative s’accompagnera-t-elle de moyens suffisants pour garantir la pérennité et l’excellence académique de l’institution ?
Au-delà des discours officiels et des cérémonies protocolaires, la véritable mesure du succès de cette inauguration résidera dans la capacité de l’université à former une nouvelle génération de cadres congolais compétitifs sur le marché international. Le défi est de taille pour une institution qui devra concilier ambitions académiques et contraintes budgétaires dans un environnement économique national complexe.
Alors que le président Félix Tshisekedi s’apprête à couper le ruban symbolique de l’Université Officielle de Mbuji-Mayi, une question demeure : cette réalisation marquera-t-elle un tournant décisif dans l’enseignement supérieur en République Démocratique du Congo ou restera-t-elle un simple symbole politique parmi d’autres ? La réponse se construira dans les années à venir, au rythme des promotions estudiantines qui franchiront les portes de cette institution.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net