Dans une région où de nombreux élèves s’asseyaient encore à même le sol ou partageaient des bancs délabrés, la distribution de 3.000 bancs-pupitres à Kananga marque un tournant significatif pour l’éducation au Kasaï-Central. Comment imaginer une scolarité de qualité sans le matériel de base nécessaire à l’apprentissage ? Cette question, longtemps sans réponse concrète, trouve aujourd’hui un début de solution grâce à la campagne « Pas d’école sans bancs » du Service national.
La cérémonie officielle, organisée à l’Institut Technique de Kananga (ITKA) dans la commune de Katoka, a rassemblé une foule d’élèves visiblement heureux, d’enseignants soulagés et de chefs d’établissement optimistes. La présence du lieutenant-général Jean-Pierre Kasongo Kabwik, représentant direct du Commandant suprême, témoignait de l’importance accordée à cette opération. « Après avoir décrété la gratuité de l’enseignement, le chef de l’État a instruit les services nationaux de fabriquer des bancs pupitres », a-t-il rappelé devant une assistance attentive.
Mais au-delà du symbole, que représente concrètement cette distribution pour les établissements scolaires de Kananga ? Chacune des 12 écoles bénéficiaires recevra 250 bancs-pupitres, permettant à des centaines d’élèves de suivre leurs cours dans des conditions dignes. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique nationale après des distributions similaires à Kinshasa, Lubumbashi et Mbuji-Mayi. Le Kasaï-Central, souvent oublié dans les politiques éducatives, retrouve ainsi une place centrale dans la stratégie gouvernementale.
Le Service national déploie à Kananga une approche multidimensionnelle qui dépasse la simple distribution de mobilier scolaire. La production agricole, la stabilisation du prix du maïs et la construction d’écoles complètent cette action éducative. « Depuis fin 2022, le Service national a ouvert des dépôts pour la vente du maïs ici dans la ville de Kananga », a précisé le lieutenant-général Kasongo Kabwik. Cette complémentarité des interventions pourrait-elle servir de modèle pour d’autres régions de la RDC ?
L’installation d’un atelier de fabrication local représente sans doute l’aspect le plus stratégique de cette campagne. En permettant la production sur place de bancs pupitres, le Service national assure la pérennité de l’opération et crée des emplois locaux. Cette approche répond à une double nécessité : résoudre durablement le problème d’équipement scolaire et stimuler l’économie régionale. La gratuité de l’enseignement, décrétée par le gouvernement, ne pourrait-elle pas être compromise sans de telles infrastructures de base ?
Les défis restent cependant considérables. Si 3.000 bancs constituent un progrès notable, suffiront-ils à couvrir les besoins de toute la province du Kasaï-Central ? La question se pose alors que de nombreuses écoles rurales continuent de fonctionner dans des conditions précaires. La campagne « Pas d’école sans bancs » devra-t-elle s’étendre à l’ensemble du territoire pour véritablement transformer le paysage éducatif congolais ?
La distribution de ces bancs pupitres à Kananga symbolise plus qu’une simple dotation en matériel scolaire. Elle incarne la volonté d’offrir aux enfants congolais un environnement d’apprentissage décent, condition essentielle à la réussite éducative. Alors que le pays poursuit sa marche vers la gratuité de l’enseignement, ces bancs représentent les fondations concrètes sur lesquelles pourra s’édifier un système éducatif véritablement accessible à tous.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd
