Dans une initiative stratégique qui pourrait redéfinir les approches de sécurité alimentaire en milieu militaire, la base militaire de Walikale au Nord-Kivu transforme progressivement son paysage opérationnel. Avec plus de 30 hectares de terres consacrées à la culture du maïs dont 85% sont déjà en phase de production avancée, cette démarche agricole militaire représente bien plus qu’une simple activité de subsistance.
Le général-major Doudou Kabwe Pascal, commandant de cette troisième plus importante base militaire congolaise après Kitona et Kamina, défend avec conviction cette orientation agricole. « La terre constitue notre véritable richesse à Walikale », affirme-t-il, tout en lançant un appel aux jeunes et à la population locale pour s’engager massivement dans l’agriculture et l’élevage. Cette philosophie traduit une vision économique pragmatique dans un contexte où l’autosuffisance alimentaire des militaires reste un défi permanent.
La production de maïs actuellement en cours de récolte sur 5 hectares s’inscrit dans un calendrier agricole minutieusement planifié. Les semis effectués il y a trois mois selon un échelonnement temporel permettent non seulement d’optimiser les rendements mais également d’éviter les pertes post-récoltes liées à une surproduction simultanée. Cette approche technique démontre une maîtrise croissante des impératifs agricoles par les forces armées.
Sur le plan quantitatif, les perspectives apparaissent prometteuses avec une production attendue dépassant les quarante tonnes pour cette première phase de récolte. Un tel volume, s’il se confirme, représenterait une avancée significative dans la sécurisation alimentaire de la base militaire située à plus de 60 kilomètres à l’ouest de Walikale centre. Comment cette production locale pourrait-elle influencer la résilience économique de la région ?
L’initiative s’appuie sur une expérience antérieure concluante puisque la base militaire avait produit plus de 100 tonnes de maïs l’année précédente. Cette continuité dans l’effort agricole militaire souligne la pérennisation d’un modèle qui semble porter ses fruits. Le général-major Kabwe précise que cette autoprise en charge alimentaire vise principalement à suppléer les rations militaires fournies par la hiérarchie et à prévenir les carences alimentaires lors des ruptures de stock.
Au-delà de l’aspect purement nutritionnel, cette culture du maïs par l’armée congolaise pourrait constituer un laboratoire d’innovation sociale et économique. La démonstration par l’exemple d’une institution militaire s’engageant dans la production agricole pourrait inspirer les communautés locales et contribuer à revitaliser le secteur agropastoral du Nord-Kivu. Cette approche intégrée sécurité-développement mérite une analyse approfondie quant à son potentiel de réplication dans d’autres régions.
Les implications économiques de cette initiative militaire dépassent le cadre strictement alimentaire. En réduisant la dépendance aux approvisionnements extérieurs, la base militaire de Walikale réalise des économies substantielles tout en stimulant l’économie locale. La valorisation des terres militaires jusqu’alors sous-utilisées représente un actif économique dormant désormais mobilisé au service du développement régional.
Cette expérience de production de maïs par l’armée congolaise interroge fondamentalement les modèles traditionnels de soutien logistique aux forces armées. Et si la solution aux défis alimentaires des militaires résidait dans cette capacité à transformer les contraintes territoriales en opportunités productives ? La réussite de Walikale pourrait bien inspirer une refonte des stratégies nationales de sécurité alimentaire militaire.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
