La Société textile de Kisangani (Sotexki), fleuron industriel de la Tshopo, demeure dans un état de paralysie inquiétant depuis trois longues années. Le député national Théovell Lotika vient d’interpeller le gouvernement congolais par une question orale déposée le 30 septembre dernier, exigeant des mesures urgentes pour la relance Sotexki. Cette initiative parlementaire souligne l’importance stratégique de cette entreprise dans le tissu économique provincial et national.
Comment une entreprise qui employait autrefois des centaines de travailleurs peut-elle rester inactive alors que des stocks considérables attendent d’être valorisés ? La Sotexki dispose en effet de 300 000 mètres de tissu non imprimé et de 400 tonnes de coton provenant des zones de Dingila et Mahagi. Ces chiffres illustrent le potentiel inexploité d’une industrie textile Kisangani qui pourrait contribuer significativement à la relance économique de la région.
Le déclin de cette entreprise créée en 1974 s’explique par plusieurs facteurs structurels. Marcel Mwamba Mpiana, directeur intérimaire, pointe du doigt la vétusté des machines datant de plus de cinquante ans et la concurrence déloyale des tissus asiatiques contrefaits qui inondent le marché local. « Notre usine suffoquait déjà face à cette invasion de produits à bas prix qui ne respectent pas les normes qualité », déplore-t-il.
Joseph Bauma, sous-directeur du département de tissage, confirme cette analyse tout en soulignant le paradoxe de la situation : « Nous avons la matière première, nous avons le savoir-faire, mais nos quatre départements – filature, tissage, finissage – restent non opérationnels. Seul le service de maintenance fonctionne encore, comme un symbole de résistance face à l’effondrement. »
L’intervention du député Théovell Lotika s’inscrit dans une perspective plus large de revitalisation du secteur industriel congolais. La relance de la Sotexki représenterait bien plus qu’une simple réouverture d’usine : elle constituerait un signal fort pour l’économie congolaise tout entière, démontrant la capacité du pays à valoriser ses ressources locales et à créer des chaînes de valeur nationales.
Quelles seraient les retombées économiques concrètes d’une telle relance ? Les experts estiment que la remise en marche de la Sotexki pourrait générer plusieurs centaines d’emplois directs dans un premier temps, avec un effet d’entraînement sur l’ensemble de la filière cotonnière. La province de la Tshopo, riche en potentialités agricoles, retrouverait ainsi un débouché industriel pour sa production cotonnière.
La question fondamentale qui se pose aujourd’hui est celle de l’engagement réel des autorités publiques. Le ministre de l’Industrie sera-t-il en mesure de proposer un plan de sauvetage crédible ? Les parlementaires de la région suivent de près ce dossier, conscient que la résolution de cette crise industrielle aurait un impact significatif sur le développement de toute la province et contribuerait à la création d’emploi Tshopo tant attendue par la population.
Au-delà des aspects purement économiques, la renaissance de la Sotexki symboliserait la capacité de la République Démocratique du Congo à maîtriser son destin industriel. Dans un contexte mondial marqué par les crises des chaînes d’approvisionnement, la relance des industries locales apparaît plus que jamais comme une nécessité stratégique pour assurer la souveraineté économique du pays.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net