Dans l’atelier enfumé du quartier Lutendele, les marteaux résonnent en cadence. Huit jeunes mains s’activent, transformant des déchets métalliques en marmites étincelantes. « Avant, je traînais dans les rues sans espoir », confie Jean, 24 ans, en polissant une casserole. « Aujourd’hui, cette fabrication de marmites en aluminium me permet de nourrir ma femme et mon enfant. »
Comment ces jeunes artisans de Lutendele transforment-ils leur destin ? La réponse se trouve dans cette initiative locale qui prouve que les métiers artisanaux en RDC constituent une véritable réponse à la précarité. Chaque jour, ils recyclent des bandes de frein et des jantes de moto pour créer des ustensiles de cuisine accessibles à toutes les bourses.
« Notre petite casserole à 10 000 francs congolais permet à une mère de famille de préparer le repas de ses enfants », explique Pierre, l’un des fondateurs de l’atelier. « La moyenne à 30 000 francs et la grande entre 50 000 et 80 000 francs répondent aux besoins des restaurants et des grandes familles. »
Mais derrière cette success story se cache une réalité plus âpre. La rareté des matières premières menace constamment leur activité. « Les disques de frein, les moteurs et autres matériaux deviennent de plus en plus difficiles à trouver », déplore Samuel, le technicien du groupe. « Sans un approvisionnement régulier, comment pouvons-nous développer notre entreprise ? »
La lutte contre le chômage des jeunes à Kinshasa passe-t-elle par ce type d’initiatives locales ? Ces artisans en sont convaincus. « Nous encourageons tous les jeunes, diplômés ou non, à rejoindre des métiers productifs », lance Jean avec une conviction qui résonne dans l’atelier. « Notre devise : il n’y a pas de sots métiers, il n’y a que des sottes gens. »
Ces initiatives locales à Kinshasa montrent une voie alternative à la délinquance juvénile. Alors que des milliers de jeunes errent sans occupation dans la capitale, ces huit artisans prouvent que la fabrication de marmites en aluminium peut devenir un véritable tremplin économique. Leur atelier ne représente pas seulement un lieu de travail, mais un espace de reconstruction sociale.
Qu’attendent les autorités pour soutenir ces jeunes entrepreneurs ? Leur appel reste pour l’instant sans réponse. « Nous avons besoin d’un appui technique et matériel », insiste Pierre. « Avec des équipements adaptés et des matières premières régulières, nous pourrions embaucher d’autres jeunes et développer notre production. »
La résilience de ces artisans de Mont Ngafula illustre le potentiel souvent ignoré des métiers artisanaux en RDC. Leur histoire interpelle : et si la solution au chômage des jeunes se trouvait dans ces ateliers où la sueur se mêle à l’espoir ? Leur combat quotidien dépasse la simple survie économique – il dessine les contours d’une nouvelle économie locale, créative et déterminée.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net