Dans un contexte minier particulièrement tendu au Lualaba, l’assemblée provinciale lance un pavé dans la mare en recommandant la restitution immédiate des zones d’exploitation artisanale aux creuseurs locaux. Cette position ferme, énoncée par le président Jean-Marie Kaseya lors de l’ouverture de la session de septembre à Kolwezi, pourrait bien redessiner la carte des conflits miniers dans cette province stratégique.
La mise en place d’une commission environnementale conjointe entre l’assemblée et le gouvernement provincial témoigne de l’urgence de la situation. Cette structure devra travailler à la restitution de toutes ces zones d’exploitation artisanale, un dossier épineux qui empoisonne depuis trop longtemps les relations entre autorités et creuseurs. Le président Kaseya n’a pas mâché ses mots, évoquant même la possibilité d’envoyer une délégation au Cadastre minier de Kinshasa pour « retracer toutes ces ZE ».
Mais pourquoi cette soudaine détermination des élus provinciaux ? La réponse se niche peut-être dans les récentes manifestations de colère des creuseurs du Lualaba. Ces derniers, excédés par leur marginalisation dans des zones qu’ils estiment légitimement les leurs, ont franchi un cap en s’attaquant à certains magasins. Un signal d’alarme que les autorités ne peuvent plus ignorer, sous peine de voir la situation dégénérer en conflit ouvert.
La question des zones exploitation artisanale dépasse largement le simple cadre économique. Elle touche à la souveraineté des communautés locales, à leur droit à disposer de leurs ressources, et plus fondamentalement, à leur survie. Comment expliquer que des creuseurs qui travaillent ces terres depuis des générations se voient aujourd’hui privés de leur gagne-pain ? La restitution des mines artisanales apparaît dès lors comme une nécessité sociale autant qu’économique.
L’assemblée provinciale Lualaba joue ici un rôle crucial d’arbitre entre des intérêts divergents. D’un côté, les creuseurs artisanaux qui réclament justice et reconnaissance ; de l’autre, des acteurs souvent plus puissants qui convoitent ces mêmes terres. La position ferme de Jean-Marie Kaseya, qualifiant la situation actuelle de « honteuse », marque un tournant dans le traitement des conflits miniers Kolwezi.
Reste à savoir si cette volonté politique se concrétisera en actions tangibles. L’histoire récente de la RDC est jalonnée de belles déclarations restées lettre morte. La mise en place de la commission environnementale sera-t-elle le début d’un véritable changement ou simplement une manœuvre dilatoire ? Les creuseurs du Lualaba, qui ont déjà manifesté leur impatience, attendent des actes concrets.
La balle est désormais dans le camp du gouvernement provincial. Acceptera-t-il de suivre les recommandations de l’assemblée et d’œuvrer à une restitution effective des zones minières ? Ou préférera-t-il temporiser, au risque de voir les tensions sociales s’exacerber davantage ? La réponse à ces questions déterminera l’avenir minier de la province et, plus largement, la stabilité sociale de toute la région.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net