Les activités socio-économiques sont complètement paralysées depuis ce mercredi dans la localité de Musienene, chef-lieu de la chefferie des Baswagha au territoire de Lubero, dans la province du Nord-Kivu. Cette paralysie généralisée fait suite à une manifestation populaire massive déclenchée par l’enlèvement de cinq jeunes garçons par des miliciens Maï-Maï affiliés au général autoproclamé Ngendu.
Selon des sources locales crédibles, deux jeunes ont été enlevés dans la soirée du lundi 29 septembre, suivis par trois autres le mardi 30 septembre dans des circonstances similaires. Les victimes auraient d’abord été arrêtées avant d’être kidnappées par les miliciens, créant un climat de peur et d’indignation au sein de la population.
Dès les premières heures de la matinée, la colère s’est propagée comme une traînée de poudre dans les villages avoisinants de Musienene, particulièrement à Katolo et Kihya. Les établissements scolaires ont renvoyé leurs élèves, tandis que boutiques, magasins et pharmacies sont restés fermés en signe de protestation. Cette mobilisation populaire témoigne de l’exaspération grandissante des habitants face à l’insécurité chronique dans la région.
La circulation sur la route nationale numéro 2, artère vitale reliant Butembo à Goma, a été sérieusement perturbée. Des barrages érigés par les manifestants ont contraint les véhicules en provenance de Butembo à rebrousser chemin, isolant davantage cette zone déjà vulnérable. Comment expliquer cette escalade de violence dans une région abandonnée à son sort ?
La peur d’une intensification des violences pousse déjà de nombreuses familles à fuir Musienene pour chercher refuge à Butembo. Cette migration forcée reflète l’angoisse palpable des populations face aux risques de représailles entre miliciens et manifestants. L’enlèvement Musienene représente ainsi le dernier épisode d’une longue série d’exactions dans cette partie du Nord-Kivu.
Dans cette zone où l’autorité de l’État brille par son absence, les groupes armés, particulièrement les miliciens Wazalendo, imposent leur loi en toute impunité. Pillages, viols, arrestations arbitraires et perception illégale de taxes sont devenus le quotidien des habitants de la chefferie des Baswagha. La manifestation Nord-Kivu observée ce mercredi s’inscrit dans un contexte d’abus répétés et systématiques.
Le président de la société civile locale dénonce avec véhémence l’usurpation de l’autorité judiciaire par ces groupes armés, l’usage incontrôlé d’armes à feu et les violations graves des droits humains. Des cas spécifiques comme ceux de Charles Kambale et Vianney, arrêtés arbitrairement la semaine dernière, illustrent la gravité de la situation sécuritaire dans cette région.
Face à cette insécurité Baswagha grandissante, la société civile et les forces vives de Musienene avaient pourtant tiré la sonnette d’alarme. Un memorandum avait été remis à l’administrateur militaire du territoire de Lubero dès le 17 septembre dernier, exigeant le départ immédiat des miliciens et une sécurisation durable de la zone. Ces appels sont-ils tombés dans l’oreille d’un sourd ?
La paralysie activités Lubero observée aujourd’hui traduit l’échec des autorités à protéger les populations civiles. Les miliciens Maï-Maï continuent d’opérer en toute impunité, semant la terreur parmi des communautés déjà éprouvées par des années de conflit. Cette situation critique interpelle non seulement les autorités provinciales mais aussi la communauté internationale sur l’urgence d’une intervention.
Alors que la tension reste palpable à Musienene et ses environs, la population attend des réponses concrètes et une protection effective. La manifestation de ce mercredi constitue un cri de détresse d’une communauté à bout de souffle, confrontée quotidiennement à la violence des groupes armés et à l’indifférence des pouvoirs publics. Combien de temps encore cette région devra-t-elle supporter cette insécurité chronique ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd