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RDC: La pomme de terre renaît grâce aux semences améliorées

La culture de la pomme de terre en République Démocratique du Congo connaît une transformation remarquable, marquant un tournant décisif pour la sécurité alimentaire du pays. Alors que cette denrée autrefois considérée comme un plat de fête dans le Nord-Kivu est devenue un pilier économique, son potentiel était jusqu’ici freiné par des défis persistants. Comment cette filière stratégique parvient-elle à renaître de ses cendres ?

Le constat initial était alarmant : avec seulement 5 tonnes à l’hectare en moyenne selon la FAO, contre des rendements pouvant atteindre 40 tonnes dans d’autres régions du monde, la pomme de terre RDC accusait un retard significatif. Trois menaces principales pesaient sur la production : le mildiou dévastateur, le flétrissement bactérien et la dégénérescence des variétés coloniales vieillissantes. Le secteur agricole congolais se trouvait à la croisée des chemins.

La réponse est venue d’une alliance inédite entre chercheurs, ONG, gouvernement et paysans. Le Centre de Recherche Agronomique et Vétérinaire du Graben (CERAVEG) a pris le leadership scientifique dans cette bataille pour l’autosuffisance alimentaire. « La plupart des variétés cultivées aujourd’hui dans la région datent de l’époque coloniale. Avec le temps, elles accumulent des infections et leur productivité décline », explique le professeur Charles Valimunzigha, directeur du CERAVEG.

L’innovation réside dans le développement de semences améliorées Congo spécialement adaptées aux conditions locales. Le processus de sélection est rigoureux : plus de 10 000 plantules issues d’hybridations sont évaluées, avec seulement les lignées combinant résistance et rendement élevé conservées pour les essais ultérieurs. Les résultats parlent d’eux-mêmes : alors que les anciennes variétés peinaient à atteindre 10 tonnes à l’hectare, les nouvelles lignées dépassent les 20 tonnes, même en conditions paysannes.

Mais la qualité des semences ne suffit pas à elle seule. L’épuisement des sols constituait un autre défi majeur. « Nous avons utilisé nos terres pendant des décennies sans jamais leur restituer les éléments minéraux que nos récoltes en extraient », constate le professeur Valimunzigha. La solution ? Une approche intégrée combinant semences résistantes et pratiques agricoles durables, incluant la rotation avec des légumineuses pendant l’intercampagne.

Sur le terrain, les résultats sont tangibles. Dans le territoire de Lubero, Maman Kakuva Marie Thérèse témoigne : « Aujourd’hui nous produisons plus. Avant nous ne connaissions pas les bonnes pratiques de culture. » Avec des variétés comme Carolus, KOAKI et Carolus rouge, elle atteint désormais des rendements impressionnants : « J’ai planté 400 kg de Carolus et j’attends récolter 4 000 kg. »

L’impact économique est tout aussi significatif. Katsuva Mayelé Jean-Louis, agriculteur et instituteur à Kitsuku, affirme : « Grâce à cette culture, j’ai acheté un champ… Et par saison, avec mes récoltes, je peux gagner jusqu’à 1 500 dollars américains. » Des succès qui se multiplient dans toute la région, contribuant directement à l’amélioration du rendement pomme de terre Nord-Kivu.

La bataille contre le mildiou agriculture reste cependant quotidienne. « Les maladies, c’est quand ces feuilles brûlent, flétrissent… On dit que c’est le mildiou », décrit Katsuva Mayelé, soulignant l’importance constante de la vigilance, particulièrement en saison des pluies.

L’Institut National d’Études et Recherches Agronomiques (INERA) apporte une contribution cruciale avec ses clones locaux N’SIMIRE, ENFULA et GAHINGA. Ces variétés offrent un compromis optimal entre productivité (20 à 35 tonnes/hectare), adaptation climatique et accessibilité financière. Alors que les semences importées peuvent atteindre 25 à 40 tonnes/hectare, leur coût élevé et leur moindre adaptation les rendent moins compétitives dans les systèmes agricoles locaux.

Le Programme d’Appui au Secteur Agricole au Nord-Kivu (PASA-NK) représente le prochain saut technologique. Avec la mise en place prochaine d’un laboratoire produisant des vitroplants et mini-tubercules, l’assainissement des variétés locales entre dans une nouvelle ère. « À travers ces techniques, nous allons régénérer les anciennes variétés et augmenter leur rendement », promet le professeur Valimunzigha.

La révolution dépasse désormais les frontières du Kivu. « J’ai même vu de la pomme de terre cultivée à Kinshasa, dans des conditions très différentes de celles du Kivu », témoigne le directeur du CERAVEG. Ces avancées ouvrent des perspectives immenses pour la sécurité alimentaire Kivu et au-delà.

La pomme de terre congolaise renaît ainsi, portée par l’innovation scientifique et la détermination des acteurs locaux. Cette success story agricole démontre qu’avec des semences adaptées, un encadrement technique approprié et des politiques cohérentes, la RDC peut transformer ses défis en opportunités concrètes pour sa souveraineté alimentaire.

Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd

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Amissi G
Amissi G
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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