Le processus de paix entre le gouvernement congolais et le mouvement rebelle M23 connaît des développements significatifs sous la médiation qatarie à Doha, comme l’a révélé jeudi Massad Boulos, conseiller principal américain pour l’Afrique. Lors d’un point presse à New York, le diplomate a détaillé les mécanismes concrets déjà mis en place entre les parties belligérantes, tout en tempérant les attentes sur une éventuelle rencontre à Washington.
La médiation Qatar Doha s’affirme comme l’épicentre des négociations paix RDC M23, avec plusieurs avancées notables. « Nous avons eu la Déclaration de principes, ensuite cet échange de prisonniers, et nous travaillons aussi sur un certain nombre de mesures de confiance », a expliqué M. Boulos. Le responsable américain a précisé que l’accord d’échange de détenus, facilité par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), concerne spécifiquement le gouvernement congolais et le M23.
Quelle est la portée réelle de ces avancées dans un conflit qui ravage l’Est Congo depuis trois décennies ? Massad Boulos a rappelé l’ampleur tragique des violences : « Des millions de personnes ont perdu la vie dans ce conflit, probablement six ou sept millions ». Tout en évitant de qualifier techniquement la situation de génocide comme l’a fait le président Félix Tshisekedi, le conseiller américain a reconnu l’extrême gravité de la crise humanitaire.
Le processus engagé à Doha s’attaque aux racines du conflit Est Congo through neuf domaines prioritaires identifiés dans la déclaration principes Doha du 12 juillet. « Certains d’entre eux prendront du temps, d’autres peuvent être réglés en quelques semaines », a nuancé M. Boulos. Parmi les questions complexes évoquées figurent la gouvernance, la décentralisation et la réintégration des combattants du M23 soit dans l’armée congolaise, soit dans des structures locales.
Le CICR confirme la dynamique positive en cours. L’organisation a reçu à Doha une copie signée du mécanisme de libération des détenus, en présence des médiateurs qataris et des représentants congolais. Ce cadre, qui confie au CICR l’identification et la libération sécurisée des prisonniers des deux camps, représente une étape cruciale vers une paix durable. Doha annonce par ailleurs un nouveau cycle de négociations dans les prochains jours, avec un projet d’accord de paix déjà communiqué aux parties.
La déclaration principes Doha signée en juillet dernier ouvre-t-elle enfin la voie à une résolution définitive du conflit ? Les observateurs notent que le Qatar capitalise sur son expérience réussie de médiation dans la région, après avoir supervisé l’an dernier le transfert de plus de 1 300 militaires congolais désarmés et de leurs familles de Goma vers Kinshasa.
Reste que le chemin vers la paix demeure semé d’embûches. La complexité des questions à résoudre, certaines touchant à l’ordre constitutionnel congolais, nécessitera une patience et une volonté politique soutenues. Mais pour la première fois depuis des années, les négociations paix RDC M23 semblent s’appuyer sur des mécanismes concrets et une feuille de route claire, même si le processus exigera du temps.
La communauté internationale, à travers l’implication américaine et la médiation qatarie, semble déterminée à accompagner la RDC vers une stabilisation de sa région orientale. Les prochaines semaines, avec la reprise des discussions à Doha, seront déterminantes pour évaluer la solidité de ces avancées et leur capacité à transformer durablement la situation sécuritaire dans l’Est Congo.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
