Après six mois d’intervention médicale cruciale, Médecins Sans Frontières (MSF) se prépare à clore son appui d’urgence au centre de santé de Shasha, dans le territoire de Masisi, d’ici fin septembre 2025. Cette étape marque un tournant dans la réponse humanitaire apportée aux communautés touchées par les conflits armés et les déplacements massifs au Nord-Kivu. Mais que signifie cette transition pour la santé des populations locales, et comment garantir la pérennité des soins dans une région encore fragile ?
L’intervention de MSF à Shasha a permis de renforcer significativement l’accès aux soins de santé primaires dans un contexte de grande précarité. En seulement six mois, plus de 17 800 consultations curatives ont été réalisées, illustrant l’ampleur des besoins médicaux. Par ailleurs, plus de 200 accouchements ont été assistés dans des conditions sécurisées, et 473 survivantes de violences sexuelles ont bénéficié d’une prise en charge holistique, incluant un soutien psychosocial et médical. Ces chiffres soulignent l’importance critique de telles interventions dans des zones en crise.
Le choléra, endémique en République Démocratique du Congo, a également été au cœur des préoccupations. MSF a pris en charge 309 cas de choléra à Shasha, une maladie qui peut être mortelle sans traitement rapide. Imaginez une simple diarrhée pouvant conduire à la déshydratation sévère en quelques heures – c’est la réalité pour de nombreuses familles déplacées. En parallèle, près de 4 000 enfants ont été vaccinés contre diverses maladies, et 250 nourrissons ont reçu leur première dose contre la tuberculose, des actions préventives essentielles pour briser la chaîne de transmission.
Malgré ces avancées, la situation sanitaire demeure alarmante. Le démantèlement forcé des camps de déplacés autour de Shasha en février 2025 a entraîné un retour difficile à la normale pour les habitants. La baisse de la fréquentation des structures de soins a paradoxalement rendu possible la fin de l’appui d’urgence de MSF, mais les besoins humanitaires persistent. Le conflit armé impliquant le groupe rebelle AFC/M23 continue de ravager le Nord-Kivu, avec des milliers de personnes contraintes de regagner leurs villages d’origine dans des conditions précaires. Les séquelles psychologiques, la perte d’accès à l’eau potable et la vulnérabilité économique créent un terrain propice à de nouvelles urgences sanitaires.
Face à ces défis, MSF prévoit un suivi spécifique pour la prise en charge des violences sexuelles jusqu’à mi-octobre, tout en maintenant une veille attentive sur l’évolution du contexte. L’organisation reste prête à intervenir en cas de détérioration. Pour les autorités locales et les partenaires, il est impératif de renforcer les systèmes de santé communautaires et de promouvoir l’accès aux soins pour tous. Des mesures simples, comme la sensibilisation à l’hygiène et la distribution de kits de prévention du choléra, pourraient sauver des vies.
En conclusion, la fin de l’intervention MSF à Shasha soulève des questions cruciales sur la résilience des systèmes de santé en RDC. Alors que les acteurs humanitaires se retirent, comment éviter un vide médical ? La réponse passe par un engagement soutenu des pouvoirs publics et une collaboration renforcée avec les organisations locales. Les leçons tirées de cette intervention devraient inspirer des actions durables pour protéger la santé des plus vulnérables dans le Masisi et au-delà.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd