Dans les artères économiques informelles de Goma, capitale du Nord-Kivu, une réalité économique parallèle persiste sous le contrôle du mouvement rebelle M23. Plus de 60% de la population active de la ville dépend aujourd’hui du secteur informel, selon les estimations des observateurs économiques locaux. Les vendeurs ambulants, devenus les piliers invisibles de cette économie de survie, représentent un phénomène social-économique aux implications multiples.
Le paysage urbain de Goma offre le spectacle quotidien de centaines de commerçants sillonnant les rues avec leurs marchandises. Des paniers de fruits tropicaux aux cartons de biscuits en passant par les vêtements d’occasion, cette économie informelle démontre une résilience remarquable dans un contexte sécuritaire dégradé. Comment cette activité précaire parvient-elle à soutenir des milliers de ménages dans une région en proie aux conflits armés ?
L’impact économique du M23 sur le commerce local se manifeste par une précarité accrue des conditions de travail. Les vendeurs ambulants opèrent sans aucune protection sociale, exposés aux aléas climatiques et aux contrôles policiers souvent arbitraires. « Une intervention des forces de l’ordre peut anéantir plusieurs jours de revenus en quelques minutes », explique un économiste local spécialiste du secteur informel.
Le commerce de rue en RDC représente pourtant une bouée de sauvetage essentielle. Pour de nombreuses familles, ces micro-activités commerciales constituent l’unique source de revenus permettant de couvrir les besoins fondamentaux : nourriture, logement, et surtout scolarité des enfants. Cette économie de la débrouille illustre la capacité d’adaptation des populations confrontées à l’effondrement des structures économiques formelles.
La survie économique à Goma passe nécessairement par ces circuits informels, mais à quel prix ? Les témoignages recueillis révèlent une vulnérabilité systémique. Les pertes de marchandises lors des contrôles, l’absence de filets sociaux et l’instabilité des revenus créent une précarité chronique. Pourtant, face au manque d’alternatives viables, cette économie informelle continue de se développer, absorbant chaque année de nouveaux acteurs contraints par les circonstances.
Quelles perspectives pour le secteur informel dans le Nord-Kivu ? Les experts s’accordent sur la nécessité de programmes de formalisation progressive, combinant protection sociale et accès au crédit. Cependant, dans le contexte actuel marqué par la présence du M23, toute initiative de structuration du commerce informel reste conditionnée par une amélioration durable de la sécurité dans la région.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net