La 80e assemblée générale des Nations Unies a servi de tribune internationale au président Félix Tshisekedi pour porter la voix de la République Démocratique du Congo sur la scène mondiale. Dans un discours percutant, le chef de l’État congolais a placé la crise sécuritaire de l’Est du pays au cœur des débats, n’hésitant pas à qualifier la situation de « génocide silencieux » après plus de trente ans de violences.
« Tous les marqueurs d’un projet d’extermination sont réunis », a déclaré le président devant l’assemblée, évoquant des millions de morts, près de sept millions de déplacés internes et des villages entiers rayés de la carte. Cette intervention marquante du discours Tshisekedi ONU représente-t-elle un tournant dans la reconnaissance internationale de cette tragédie humaine ?
Le chef de l’État a clairement désigné les responsables de cette crise Est RDC persistante : l’AFC/M23 et ses parrains, les Forces de défense du Rwanda. Cette accusation directe intervient dans un contexte où l’accord RDC Rwanda signé sous médiation américaine le 27 juin dernier peine à produire des résultats tangibles sur le terrain. Le président a salué l’implication des États-Unis tout en soulignant que « les décisions doivent être appliquées pour que le sang des innocents cesse de couler ».
La reconnaissance de l’échec relatif de l’accord de paix par le président lui-même interroge sur l’efficacité des mécanismes de résolution de conflits dans la région. Mediacongo.net rapporte que les combats persistent malgré les engagements signés, ce qui soulève des questions fondamentales sur la volonté réelle des parties prenantes.
Sur le plan diplomatique, la RDC prépare activement son entrée au Conseil sécurité ONU RDC en tant que membre non permanent pour la période 2026-2027. Le président Tshisekedi a assuré que sa participation serait « résolument constructive et holistique », articulée autour des priorités indissociables de paix et sécurité. Cette position stratégique permettra-t-elle au pays de mieux défendre ses intérêts et de contribuer à la réforme des opérations de maintien de la paix ?
Les rencontres en marge de l’assemblée générale ont également marqué cette diplomatie congolaise active. L’entretien avec le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a principalement porté sur la situation sécuritaire persistante dans l’Est du pays. Parallelèlement, la rencontre avec le conseiller principal pour l’Afrique du président américain Donald Trump, Massad Boulos, a permis d’aborder le suivi de l’accord de paix de Washington.
La communauté internationale semble progressivement prendre conscience de l’urgence de la situation. Le président français Emmanuel Macron a notamment appelé à « donner de l’espoir aux populations des Kivu et aux centaines de milliers de déplacés ». Cette prise de parole intervient alors que le génocide silencieux dénoncé par Kinshasa continue de faire des victimes quotidiennement.
La RDC entend désormais jouer un rôle plus actif dans l’élaboration du Nouvel agenda pour la paix, apportant « à la lumière de son potentiel et de son expérience, une impulsion à la réforme des opérations de maintien et de consolidation de la paix ». Cette ambition affichée par les autorités congolaises représente-t-elle une opportunité réelle de changement ou reste-t-elle un vœu pieux dans un contexte régional toujours aussi volatile ?
Alors que la RDC s’apprête à siéger au Conseil de sécurité, la pression monte pour trouver des solutions durables à cette crise qui mine la région des Grands Lacs depuis des décennies. Le président Tshisekedi joue désormais une partie d’échecs complexe sur l’échiquier international, où chaque move diplomatique pourrait influencer l’avenir de millions de Congolais.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
