Les conflits fonciers dans l’est de la République démocratique du Congo persistent comme une épine dans le pied du processus de paix avec le M23. Malgré l’accord signé en 2024, la question de l’occupation des terres continue d’alimenter les tensions et menace la stabilité régionale. Comment une paix durable peut-elle s’installer lorsque des milliers de Congolais ne peuvent retrouver leurs propriétés ?
La province du Nord-Kivu reste le théâtre d’affrontements latents où la terre devient un enjeu stratégique. Des agriculteurs congolais, de retour après des années d’exil, découvrent leurs exploitations occupées par des populations souvent d’origine rwandaises. Cette situation crée un terreau fertile pour de nouvelles violences communautaires.
Le groupe rebelle M23, soutenu par Kigali selon plusieurs rapports internationaux, utilise ces tensions foncières pour consolider son emprise territoriale. Des milices affiliées au mouvement rebelle facilitent l’installation de nouveaux occupants sur des terres abandonnées durant les conflits. Une stratégie qui sape délibérément les efforts de réconciliation.
Derrière ces conflits apparents se cache une réalité économique cruciale : le contrôle des ressources naturelles. Les zones disputées regorgent de minerais précieux – coltan, or, cassitérite – attisant la convoitise de multiples acteurs. La terre n’est plus seulement un moyen de subsistance mais devient un instrument de pouvoir et de richesse.
L’accord de paix de Washington, pourtant salué comme une avancée significative, montre ses limites face à ces réalités terrain. Les mécanismes de résolution des conflits fonciers peinent à être mis en œuvre dans un contexte sécuritaire encore volatile. Les populations locales dénoncent l’absence de volonté politique pour régler ces questions sensibles.
La dimension humanitaire de cette crise ne peut être ignorée. Des milliers de déplacés internes survivent dans des camps surpeuplés, incapables de retourner sur leurs terres. Cette situation perpétue un cycle de pauvreté et de dépendance à l’aide humanitaire. Les organisations internationales sonnent l’alarme face à l’aggravation des conditions de vie.
Le Rwanda, régulièrement accusé d’interférence dans les affaires congolaises, joue un rôle ambigu dans ce dossier. Kigali nie toute implication dans les conflits fonciers mais continue de soutenir le M23. Cette position contradictoire entretient la méfiance et complique les efforts de médiation internationale.
La communauté internationale appelle à une approche multidimensionnelle pour résoudre ces tensions. La sécurisation des droits fonciers, le dialogue intercommunautaire et le contrôle démocratique des ressources naturelles apparaissent comme des conditions sine qua non pour une paix durable. Sans une solution équitable à la question foncière, tout accord de paix risque de rester lettre morte.
Le gouvernement congolais face à ce défi de taille doit faire preuve de leadership et d’innovation. La création de tribunaux fonciers spécialisés, la cartographie des propriétés et la reconnaissance des droits coutumiers pourraient constituer des pistes de solution. La participation des femmes et des jeunes dans ces processus s’avère essentielle pour bâtir une paix inclusive.
L’est de la RDC se trouve à un carrefour décisif. Les conflits fonciers, s’ils ne sont pas résurgents, pourraient anéantir des années d’efforts diplomatiques. La paix avec le M23 ne sera véritablement acquise que lorsque chaque Congolais pourra vivre en sécurité sur sa terre et bénéficier équitablement des richesses de son pays.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: https://www.reuters.com/sustainability/society-equity/land-quarrels-rebel-occupied-congo-threaten-trump-peace-deal-2025-09-05/?utm_source=chatgpt.com