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RDC: l’ONU documente crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Kivu

Un rapport accablant de la Mission d’établissement des faits des Nations Unies révèle l’ampleur des atrocités commises dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Toutes les parties impliquées dans le conflit des provinces du Nord et du Sud-Kivu se sont rendues coupables de violations graves du droit international humanitaire, susceptibles de constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

Le document, publié ce vendredi 5 septembre 2025 depuis Genève, dresse un tableau sombre de la situation sécuritaire dans cette région en proie à une violence généralisée. Les conclusions de la FFM soulignent la gravité et le caractère systématique des exactions perpétrées par l’ensemble des belligérants, y compris le mouvement rebelle M23, les Forces de défense rwandaises (RDF), les Forces armées congolaises (FARDC) et les groupes armés affiliés.

Le groupe armé M23, bénéficiant selon le rapport d’un soutien opérationnel, logistique et renseignement des forces rwandaises, s’est livré à une campagne de terreur méthodique. Les investigateurs ont documenté des exécutions sommaires, des actes de torture, des détentions arbitraires, des disparitions forcées et un recrutement coercitif ciblant toute personne perçue comme opposée au mouvement.

Particulièrement alarmante est la systématisation des violences sexuelles employées comme arme de guerre. Le rapport décrit des viols collectifs répétés, souvent accompagnés de tortures physiques et psychologiques, visant explicitement à briser la dignité des victimes. Les femmes et les filles constituent la majorité des survivantes, mais les hommes, les garçons et les personnes LGBT n’ont pas été épargnés.

Des centaines d’enfants ont été enrôlés de force par le M23, tandis que les groupes Wazalendo affiliés aux FARDC auraient recruté des mineurs de moins de quinze ans. Le document identifie des violations quotidiennes sur l’ensemble du territoire contrôlé par le M23, suivant des schémas récurrents indiquant un haut degré d’organisation et de planification.

La Mission établit des motifs raisonnables de croire que les membres du M23 ont commis des crimes contre l’humanité, incluant meurtre, privation grave de liberté, torture, viol, esclavage sexuel, disparition forcée et transfert forcé de population. Mais les forces gouvernementales congolaises et leurs alliés ne sont pas épargnés par ces accusations graves.

Les FARDC et les groupes Wazalendo se sont rendus coupables de meurtres délibérés de civils, particulièrement lors de combats internes. Le rapport documente un recours généralisé à la violence sexuelle et aux pillages lors des retraits des lignes de front en janvier et février 2025. Les auteurs agissaient en grands groupes et de manière coordonnée, reflétant des schémas systématiques plutôt que des actes isolés.

La responsabilité internationale des États est clairement établie dans ce rapport. Le Rwanda est tenu responsable des violations commises directement par ses forces armées sur le territoire congolais, la FFM ayant reçu des allégations crédibles concernant la présence secrète de personnel des RDF au sein du M23. La RDC, quant à elle, porte la responsabilité des exactions commises par ses forces régulières et les groupes armés agissant sous sa direction ou son contrôle.

Cette enquête fait suite à la résolution A/HRC/RES/S-37/1 adoptée lors d’une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme le 7 février 2025. Mandatée pour établir les faits, circonstances et causes profondes des violations, la Mission doit également identifier les personnes et entités responsables de ces crimes internationaux.

Pourtant, malgré l’urgence de la situation, la mission d’établissement des faits et la commission d’enquête indépendante rencontrent d’énormes difficultés financières qui entravent leur bon fonctionnement. Cette situation questionne la communauté internationale sur sa capacité à répondre efficacement aux crises humanitaires les plus graves.

Alors que les civils continuent de payer le prix fort de ce conflit, ce rapport historique appelle à une accountability immédiate des auteurs de ces crimes et à un renforcement des mécanismes de protection des populations civiles. La question demeure : la communauté internationale saura-t-elle transformer ces constats en actions concrètes pour mettre fin à l’impunité dans l’Est de la RDC ?

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

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