La province de l’Ituri sombre dans une crise humanitaire sans précédent. L’insécurité persistante générée par les groupes armés paralyse l’aide essentielle à des centaines de milliers de civils. Selon le dernier rapport du bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), 256 000 personnes sont privées de services vitaux.
Comment une région peut-elle survivre sans accès à la santé, à la nutrition et à la protection ? La réponse est alarmante : elle ne survit pas, elle se meurt à petit feu. Les partenaires humanitaires ont été contraints de suspendre leurs opérations dans les zones de santé de Nizi, Fataki, Bambu, Mangala et Rethy. Les restrictions d’accès et l’instabilité récurrente rendent toute intervention périlleuse.
La situation sécuritaire ne cesse de se dégrader. Les représailles contre les populations civiles se multiplient, particulièrement sur l’axe Komanda-Luna à Irumu. Depuis le lancement des opérations militaires contre les ADF le 6 juillet, près de 30 000 personnes ont fui leurs foyers. Elles cherchent refuge dans des écoles, des églises et des infrastructures publiques, vivant dans une précarité extrême.
Les femmes paient un tribut particulièrement lourd. Le rapport OCHA indique qu’elles représentent 48% des personnes affectées par les violations documentées. Près de la moitié de ces violations sont basées sur le genre. Cette augmentation dramatique est directement liée à l’instabilité sécuritaire et à la faible présence d’acteurs spécialisés dans la protection.
Le territoire de Djugu, déjà extrêmement instable, connaît une détérioration continue. Les zones de santé de Nizo, Fataki et Lita sont particulièrement touchées. Les localités de Lopa, Iga barrière, Soleniama et Nizi centre subissent des violences incessantes depuis mi-juillet. Rappelons le massacre de février dernier où au moins 50 personnes ont été tuées dans le site de déplacés de Djaiba.
Le territoire de Mahagi n’est pas épargné. Logo et Angumu enregistrent une hausse alarmante des violations. Un acteur de protection a documenté 99 incidents en juillet contre 64 en juin. Cette escalade de la violence illustre la spirale infernale dans laquelle est plongée la région.
L’attaque la plus meurtrière s’est produite dans la nuit du 26 au 27 juillet à Komanda centre. Attribuée au groupe armé ADF, elle a causé 43 morts dont 9 enfants et au moins 15 blessés. Ces chiffres glaçants témoignent de l’impunité totale dont bénéficient les auteurs de ces exactions.
Face à cette catastrophe humanitaire, les organisations tentent de mettre en place des mesures d’atténuation. Leur objectif : maintenir une présence minimale dans les zones non directement affectées. Mais ces efforts restent insuffisants face à l’ampleur des besoins.
La communauté internationale doit-elle rester spectatrice de cette tragédie ? La réponse humanitaire urgente est bloquée par l’insécurité, laissant des populations entières sans assistance. Les déplacés de l’Ituri survivent dans des conditions inhumaines, abandonnés à leur sort.
La crise en Ituri dépasse le simple cadre humanitaire. Elle questionne notre capacité collective à protéger les civils dans les conflits armés. Sans une solution politique durable et un renforcement de la protection, les violences groupes armés RDC continueront de générer des souffrances massives.
Le rapport OCHA sonne l’alarme. Mais sera-t-il entendu ? L’urgence commande une action concertée et immédiate. Les populations de l’Ituri ne peuvent plus attendre. Leur survie dépend de notre capacité à rétablir l’accès humanitaire et à garantir leur protection.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd