Alors que les combats persistent dans l’Est de la République Démocratique du Congo, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka maintient sa confiance dans la voie diplomatique pour résoudre le conflit avec le M23. Dans un entretien exclusif accordé en marge de la TICAD 9 au Japon, la cheffe du gouvernement a défendu l’approche congolaise tout en reconnaissant la gravité de la situation sur le terrain.
« La guerre est déjà là, ce qui se passe sur le terrain, tout le combat à l’Est c’est une guerre », a-t-elle déclaré, répondant aux questions sur l’efficacité des solutions diplomatiques face à l’agression rwandaise. Un aveu rare qui contraste avec l’optimisme affiché par les chancelleries internationales.
Le gouvernement congolais mise sur plusieurs processus de paix simultanés, pilotés par les États-Unis et le Qatar. La résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies, les initiatives de l’Union africaine et de la SADC n’ont pourtant pas suffi à endiguer les violences. Le processus de Doha avec l’AFC/M23 représente-t-il la dernière chance pour une solution négociée ?
Sur le terrain, la réalité reste alarmante. Les combats entre les FARDC et la rébellion soutenue par le Rwanda se poursuivent, malgré les accords de cessez-le-feu. Les violations des droits humains se multiplient, dénoncées par Amnesty International et Human Rights Watch. Ces organisations documentent des exécutions sommaires, viols collectifs et attaques d’hôpitaux perpétrés par toutes les parties au conflit.
La récente installation de nouvelles positions rebelles dans le territoire de Walikale et les mouvements de population forcés illustrent l’échec relatif des mécanismes de paix actuels. Le massacre de plus de 140 civils en juillet près du parc des Virunga rappelle cruellement l’urgence d’une solution durable.
Judith Suminwa Tuluka évoque cependant une possible rencontre entre les présidents Tshisekedi et Kagame à Washington, sous certaines conditions non divulguées. Cette perspective ouvre-t-elle une nouvelle fenêtre d’opportunité pour la résolution du conflit M23 en RDC ?
La diplomatie congolaise continue de miser sur l’identification internationale du Rwanda comme agresseur, une stratégie qui a porté ses fruits sur le plan diplomatique mais qui peine à produire des effets concrets sur la sécurité des populations civiles. Le gouvernement maintient sa détermination à préserver l’intégrité territoriale du pays, mais la communauté internationale observe avec inquiétude la persistance des violences dans le Nord-Kivu.
Alors que les pourparlers de Doha se poursuivent, la question reste entière : la diplomatie peut-elle encore triompher face à la réalité brutale du terrain, ou assiste-t-on à l’échec programmé des solutions négociées dans la résolution des conflits en Afrique centrale ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd