Cette semaine a été marquée par trois événements majeurs impliquant des femmes africaines dont les parcours illustrent les complexités politiques et mémoriels du continent. De Paris à Lomé, ces actualités révèlent comment les engagements féminins continuent de façonner les dynamiques sociopolitiques en Afrique et dans sa diaspora.
Youyou Muntu-Mosi : une voix de la diaspora congolaise s’éteint
Le décès de Youyou Muntu-Mosi à Paris le 19 août dernier a provoqué une onde de choc dans les milieux militants congolais. Cette juriste de 51 ans, cadre dans l’agroalimentaire, s’était imposée comme une figure incontournable de la résistance démocratique contre les régimes de Joseph Kabila et Paul Kagame. Membre des Patriotes résistants congolais et porte-parole du collectif RD Congo en France, son activisme numérique et médiatique avait fait d’elle une référence pour toute une génération.
Malgré son combat contre le cancer, Youyou Muntu-Mosi avait maintenu son engagement jusqu’au bout, symbolisant la détermination de la militante congolaise diaspora à ne pas se taire. Les hommages unanimes de personnalités comme Karine Ndjoko ou Bienvenu Matumo témoignent de l’impact de son travail. Sa disparition pose avec acuité la question de la relève militante au sein des diasporas africaines.
Togo : l’ancienne ministre Marguerite Essozimna Gnakade défie le pouvoir
Dans une intervention vidéo devenue virale, l’ancienne ministre togolaise de la Défense Marguerite Essozimna Gnakade a lancé un appel sans précédent à la démission du président Faure Gnassingbé. Cette prise de position publique d’une ancienne membre de l’appareil d’État constitue un développement significatif dans un pays marqué par cinquante ans de règne de la même famille.
Ses critiques portent sur les dérives autoritaires du régime et la nécessité d’une transition politique pour construire un « Togo nouveau ». Cette intervention s’inscrit dans un contexte de tensions persistantes entre le pouvoir et une opposition qui réclame des réformes démocratiques depuis des années. Le courage de cette ancienne ministre ouvre-t-il la voie à d’autres ruptures au sein des élites africaines ?
France : non-lieu pour Agathe Habyarimana, veuve de l’ex-président rwandais
La justice française a rendu le 20 août une décision attendue depuis des années : le non-lieu prononcé en faveur d’Agathe Habyarimana dans l’affaire du génocide des Tutsi. Accusée depuis 2008 de complicité de génocide et de crimes contre l’humanité, l’épouse de l’ancien président Juvénal Habyarimana bénéficie ainsi d’un classement définitif de la procédure.
Les juges d’instruction ont estimé qu’il n’existait pas de charges suffisantes pour l’impliquer dans la préparation ou la commission des crimes de 1994. Cette décision, qui clôt un dossier ouvert il y seize ans, a été vivement contestée par les parties civiles qui y voient un déni de justice. L’affaire Agathe Habyarimana non-lieu illustre les difficultés persistantes de la justice internationale à traiter des crimes de masse complexes.
Ces trois événements, bien que distincts, dessinent une cartographie des actualités femmes africaines contemporaines. Ils montrent comment des parcours individuels continuent d’interroger les mémoires collectives, les systèmes politiques et les mécanismes judiciaires, tant en Afrique qu’au sein de ses diasporas. La disparition d’une militante, la rebellion d’une ancienne ministre et la libération judiciaire d’une figure controversée : trois facettes d’un continent en pleine transformation.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd