La visite du vice-Premier ministre belge Maxime Prévôt à Kinshasa marque un tournant significatif dans l’approche internationale face à la crise congolaise. Alors que les efforts diplomatiques se multiplient pour résoudre les conflits dans l’Est du pays, la Belgique insiste sur la nécessité d’une solution endogène, plaidant pour un dialogue national inclusif qui dépasse les simples initiatives externes.
L’entretien entre Prévôt et le président Félix Tshisekedi à la Cité de l’Union Africaine a révélé une évolution notable dans la position présidentielle. Après avoir longtemps résisté aux appels pour un dialogue national, le chef de l’État semble désormais ouvert aux initiatives portées par les confessions religieuses, notamment le « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble » proposé par la CENCO et l’ECC.
Cette volte-face stratégique interroge : le président Tshisekedi cède-t-il sous la pression internationale ou a-t-il véritablement compris que la stabilité territoriale ne peut exister sans cohésion sociale et politique ? La question mérite d’être posée, tant le timing de ce revirement semble coïncider avec les pressions diplomatiques accrues.
Le Conseil Inter-Religieux Congolais, récemment constitué, représente désormais l’architecture institutionnelle de ce dialogue national émergent. Cependant, les critiques fusent déjà, certaines églises reprochant au pacte social de ne pas suffisamment reconnaître l’agression rwandaise via le M23 ni les acquis constitutionnels fondamentaux. Ces dissensions internes pourraient-elles fragiliser le processus avant même son lancement officiel ?
La complexité du dossier apparaît dans toute son ampleur lorsque l’on examine les différentes strates du conflit. Si les initiatives qatariennes et américaines visent à éteindre l’incendie dans l’Est, elles ne s’attaquent pas aux causes profondes de la crise congolaise. Le dialogue national proposé par les acteurs religieux entend combler cette lacune, mais sa mise en œuvre pratique reste semée d’embûches.
La création d’une commission spéciale par le président Tshisekedi pour approfondir les échanges avec les confessions religieuses témoigne d’une volonté affichée de donner suite à ces initiatives. Pourtant, le calendrier et les modalités concrètes de ce dialogue national restent flous, laissant planer le doute sur la réelle détermination des autorités à mener ce processus à son terme.
Dans ce contexte, la visite de Maxime Prévôt prend une dimension symbolique forte. La Belgique, ancienne puissance coloniale, joue désormais un rôle de facilitateur dans la recherche de solutions politiques internes. Ironie de l’histoire ou véritable evolution des rapports internationaux ? La question mérite réflexion alors que la RDC cherche sa voie vers une paix durable.
Les prochaines semaines seront déterminantes pour évaluer la sincérité de cet engagement présidentiel en faveur du dialogue national. La capacité du gouvernement à transformer les paroles en actes constituera le véritable test de crédibilité pour ce processus annoncé comme historique.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
