La République démocratique du Congo vit actuellement une crise politique sans précédent, marquée par le rejet croissant des deux principales figures qui ont dominé la scène politique ces dernières années. Alors que Joseph Kabila annonce son retour sur la scène politique pour 2025, nombreux sont les observateurs qui s’interrogent sur les véritables motivations derrière cette manœuvre.
Le bilan des dix-huit années de règne de Joseph Kabila reste lourd pour la nation congolaise. Une économie affaiblie par le pillage systématique des ressources minières, une armée déstructurée incapable d’assurer la sécurité territoriale, et des violations massives des droits humains constituent l’héritage empoisonné de cette ère politique. Les contrats miniers opaques négociés avec des partenaires comme Dan Gertler ont privé le pays de revenus essentiels, alimentant la corruption à grande échelle.
Les élections de décembre 2018 devaient marquer une alternance démocratique tant attendue. Pourtant, la Commission électorale nationale indépendante, sous la direction de Corneille Nangaa, a orchestré ce que beaucoup qualifient de hold-up électoral historique. Les données internes et rapports d’observateurs indépendants ont révélé des manipulations massive du processus électoral, permettant l’accession au pouvoir de Félix Tshisekedi grâce à un arrangement politique obscur avec l’ancien président.
Le calcul politique de Joseph Kabila apparaît aujourd’hui dans toute sa cynique clarté : installer un président dont les faiblesses managériales et le manque de sérieux étaient connus, créant ainsi les conditions d’un chaos institutionnel qui justifierait son retour en sauveur. Cette stratégie a fonctionné au-delà de toute attente, avec une reproduction des mêmes schémas de corruption, de tribalisme et de pillage des ressources nationales.
La crise persistante dans l’Est du pays sert de théâtre à cette manipulation politique. L’agression orchestrée par des groupes armés aux parrains souvent connus maintient la nation dans un état de crise permanente, détournant l’attention des véritables enjeux de gouvernance. Cette situation permet aux réseaux liés à l’ancien régime de protéger leurs intérêts économiques dans l’exploitation illicite des minerais stratégiques.
Le retour annoncé de Joseph Kabila en 2025, malgré les accusations de crimes contre l’humanité pour son soutien présumé au M23, constitue une provocation supplémentaire pour le peuple congolais. Loin des excuses attendues et d’une reconnaissance des erreurs passées, l’ancien président se présente comme la solution à des crises qu’il a lui-même contribué à créer.
Face à ce double échec – la prédation du régime Kabila et la trahison de la présidence Tshisekedi – émerge une exigence croissante pour une troisième voie citoyenne. Le peuple congolais, meurtri mais résilient, appelle à une alternative politique ancrée dans la volonté populaire, la transparence et la justice. Cette voie nécessite le rejet définitif des calculs claniques et la priorisation de l’intérêt national sur les ambitions personnelles.
La question qui se pose aujourd’hui est simple : le Congo continuera-t-il à être un terrain de jeu pour prédateurs politiques ou saura-t-il enfin embrasser son destin de nation souveraine et digne ? Les martyrs de la démocratie congolaise, ceux qui ont payé de leur vie la défense des libertés, méritent mieux que ce cycle infernal de trahisons et de manipulations.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd