31.1 C
Kinshasa
samedi, août 23, 2025

Toute l'Actualité RDC, en Direct et en Détail

AccueilActualitéÉconomieCrise des couturiers à Kinshasa : les uniformes scolaires locaux boycottés à...

Crise des couturiers à Kinshasa : les uniformes scolaires locaux boycottés à la rentrée 2025

À moins de quinze jours de la rentrée scolaire prévue le 1er septembre 2025, une situation économique inquiétante se dessine dans les ateliers de couture de Kinshasa. Le marché central de Zando, habituellement bouillonnant d’activité en cette période, présente un visage singulièrement calme. Les machines à coudre tournent au ralenti, et l’absence de files d’attente devant les échoppes témoigne d’une réalité commerciale préoccupante.

Les artisans locaux, piliers traditionnels de la confection des uniformes scolaires en RDC, font face à une baisse dramatique de leurs commandes. Selon nos investigations, le volume des demandes aurait chuté de près de 60% comparé aux années précédentes. Cette situation alarmante s’explique par plusieurs facteurs structurels qui menacent la survie même de cette filière essentielle à l’économie locale.

Le premier phénomène observé concerne la concurrence déloyale des importations massives de tenues prêtes-à-porter en provenance de Chine et de Turquie. Ces articles, vendus à des prix défiant toute concurrence, inondent le marché congolais et privent les couturiers locaux de leurs débouchés traditionnels. Comment les artisans kinois peuvent-ils rivaliser avec des produits manufacturés à grande échelle, souvent sans respect des normes commerciales équitables ?

Deuxième élément explicatif : la pratique de plus en plus répandue des écoles qui commercialisent directement les uniformes auprès des parents. Cette verticalisation de la distribution court-circuite les circuits traditionnels et prive les petites entreprises de leur clientèle historique. Une couturière rencontrée à Zando confie, le visage marqué par l’inquiétude : « Nous avons investi dans des stocks importants de tissus, mais les clients ne viennent pas. La circulation monétaire est au point mort ».

La troisième cause, plus structurelle, réside dans l’appauvrissement continu des ménages kinois. Le pouvoir d’achat des familles congolaises s’est érodé progressivement, contraignant les parents à rechercher les solutions les plus économiques, au détriment de la qualité et du soutien à l’économie locale. Cette précarité financière pousse les consommateurs vers les options les moins chères, souvent au prix de la qualité et de la durabilité.

Les conséquences économiques de cette situation sont multiples et profondes. Outre la perte directe de revenus pour des milliers de familles d’artisans, c’est toute la filière textile locale qui se trouve menacée. Les fournisseurs de tissus, les teinturiers, et tous les sous-traitants de cette chaîne de valeur subissent les contrecoups de cette crise silencieuse.

Les couturières interpellent les autorités compétentes pour demander une régulation plus stricte des importations et une protection accrue des producteurs locaux. « Nous demandons aux autorités de veiller à ce que nos petites entreprises ne subissent pas une concurrence déloyale », plaide l’une d’elles. Cette protection passerait par des mesures douanières adaptées, mais aussi par une conscientisation des consommateurs sur l’importance de soutenir l’économie nationale.

À plus long terme, cette crise pose la question du modèle économique de la RDC dans le secteur textile. Faut-il continuer à importer massivement ou développer une industrie locale capable de répondre aux besoins nationaux ? La question mérite d’être posée alors que le pays dispose de tous les atouts pour développer une filière complète, de la production du coton à la confection finale.

La rentrée scolaire 2025 pourrait ainsi marquer un tournant décisif pour l’artisanat textile congolais. Soit les pouvoirs publics prennent des mesures pour protéger cette filière essentielle à l’emploi local, soit on assistera à la disparition progressive d’un savoir-faire ancestral au profit d’une importation massive qui ne profite pas à l’économie nationale.

Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net

Commenter
Amissi G
Amissi G
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
Actualité Liée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


Actualité Populaire Liée

Actualité Populaire RDC

Résumé de l'actualité quotidienne

Le Brief du Jour du 23 Août 2025

Le Brief du Jour du 23 août 2025 vous propose une sélection rigoureuse de l’actualité essentielle : crise humanitaire record, eurobond historique pour les infrastructures, justice internationale réclamée par Denis Mukwege, tensions sécuritaires au Sud-Kivu, grand ménage urbain à Kinshasa, difficultés du secteur artisanal avant la rentrée scolaire, et condamnation internationale des violences du M23. À lire pour une vision claire et concise de la journée congolaise.

Derniers Appels D'offres

Derniers Guides Pratiques