Dans l’est de la République démocratique du Congo, un silence lourd pèse sur les champs abandonnés. Des millions de Congolais vivent l’enfer au quotidien, pris en étau entre la violence des groupes armés et la faim qui gronde. Comment en sommes-nous arrivés à cette crise humanitaire d’une ampleur si catastrophique ?
« Les familles perdent tout : leurs terres, leurs récoltes, leur dignité », témoigne une habitante du Nord-Kivu qui préfère garder l’anonymat par peur des représailles. « Les armed groups nous volent nos récoltes, brûlent nos champs. Nous n’avons plus rien à manger. »
Les chiffres donnent le vertige : 5,9 millions de déplacés internes en RDC, dont un million rien qu’au Nord-Kivu. Des familles entières déracinées à plusieurs reprises, condamnées à errer dans un cycle infernal de peur et de déplacements constants. La crise des déplacés internes Congo atteint des proportions dramatiques, tandis que l’insécurité alimentaire Est-RDC ne cesse de s’aggraver.
Martha Ama Akyaa Pobee, secrétaire générale adjointe de l’ONU pour l’Afrique, a tiré la sonnette d’alarme devant le Conseil de sécurité : « La RDC est confrontée à l’une des urgences humanitaires les plus aiguës au monde ». Un constat accablant qui devrait mobiliser la communauté internationale toute entière.
Derrière les statistiques, des visages, des destins brisés. Des enfants recrutés de force, des femmes victimes de violences sexuelles, des civils pris pour cible. Le rapport ONU RDC fait état de 185 civils tués depuis juillet seulement, dont de nombreux enfants. La violence Nord-Kivu et dans l’Ituri voisine continue de faire des ravages, les Forces démocratiques alliées (FDA) représentant une « menace majeure pour les civils ».
Pendant ce temps, les travailleurs humanitaires risquent leur vie pour apporter une aide limitée à une population dont les besoins ne cessent de croître. Comment expliquer que tant de souffrances persistent dans l’indifférence générale ? La crise humanitaire RDC semble s’enliser dans une spirale infernale, malgré les efforts diplomatiques.
Les récents accords de paix signés sous facilitation américaine et qatarie ont apporté un semblant d’espoir, mais sur le terrain, la réalité reste amère. « L’évolution de la situation sécuritaire n’a pas suivi les progrès diplomatiques », déplore Pobee. Un hiatus dangereux qui coûte la vie à des centaines de civils chaque mois.
La question rwandaise continue également d’empoisonner le conflit. L’ONU et Kinshasa accusent Kigali de soutenir le M23, responsable selon les témoignages directs d’au moins 319 meurtres de civils en juillet dernier. Le Rwanda dément farouchement, créant une impasse diplomatique supplémentaire.
Face à cette tragédie qui s’étend dans le temps, que reste-t-il de l’espoir ? Les appels à l’action se multiplient, mais les résultats se font attendre. La communauté internationale doit urgemment soutenir les efforts de paix et faire pression sur toutes les parties pour qu’elles respectent leurs engagements.
Au-delà des considérations géopolitiques, ce sont des millions de vies humaines qui sont en jeu. Des hommes, des femmes et des enfants congolais qui méritent de vivre en paix, libérés de la terreur et de la faim. Le temps n’est plus aux discours, mais à l’action concrète. La RDC ne peut plus attendre.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
