Le football congolais vit des heures sombres. La Fédération Congolaise de Football Association (Fécofa) vient d’envoyer un signal inquiétant au Tribunal Arbitral du Sport (TAS) : elle se déclare incapable d’imposer la reprise du championnat national, pourtant ordonnée par l’instance suprême du sport mondial. Dans une correspondance datée du 15 août, le comité de normalisation invoque des contraintes matérielles et réglementaires héritées de l’ancienne gestion. Une justification qui sonne comme un aveu d’impuissance face à la crise qui paralyse le football congolais.
Comment en est-on arrivé là ? Rappel des faits : le 27 juin dernier, la Linafoot décidait unilatéralement d’arrêter le championnat national, provoquant la colère du TP Mazembe. Le club de Lubumbashi, lésé par cette décision, avait immédiatement saisi le TAS. Le 16 juillet, gain de cause : le tribunal ordonnait la tenue des six journées restantes. Mais voilà, entre la théorie et la pratique, le fossé semble infranchissable.
La Fécofa, dans sa missive, affiche pourtant sa bonne volonté. Elle réaffirme sa volonté de respecter la sentence du TAS et évoque même une solution concertée. Mais les mots suffiront-ils à débloquer cette situation kafkaïenne ? Le TAS, de son côté, maintient sa position ferme. Sans moyen de contrainte direct, l’instance dépend de la bonne foi des parties. Un principe noble, mais qui montre ses limites dans le football congolais, où les litiges s’enlisent trop souvent.
Le précédent de V.Club il y a quatre saisons revient en mémoire. Les Dauphins Noirs de Kinshasa avaient été déclarés champions sur décision du TAS, mais le trophée était déjà… entre les mains du TP Mazembe. Ce dernier n’avait jamais restitué le titre, malgré les injonctions de la Fécofa. Un scénario qui risque cruellement de se répéter aujourd’hui.
La situation actuelle du TP Mazembe ajoute une couche de complexité au dossier. Le club s’est vu retrancher 6 points pour avoir aligné un joueur litigieux, le mettant pratiquement hors course pour le titre. Une sanction qui, couplée à des performances décevantes en fin de championnat, explique peut-être la frilosité actuelle.
Pendant ce temps, la CAF avance. Sa plateforme d’enregistrement des joueurs pour les compétitions interclubs est ouverte, et le match entre Lupopo et El Merreikh a été confirmé. Un signal fort qui laisse peu d’espoir quant à l’exécution de la décision du TAS. La Fécofa se retrouve coincée entre le marteau et l’enclume : respecter ses statuts qui prévoient l’exécution des décisions du TAS, ou composer avec la réalité du terrain ?
La question qui brûle toutes les lèvres : la Fécofa va-t-elle s’infliger elle-même une punition pour non-respect de ses propres statuts ? L’opinion publique sportive nationale retient son souffle. Cette crise du championnat national RDC dépasse le simple cadre sportif. Elle interroge sur la gouvernance du football congolais, sur sa crédibilité internationale, et sur sa capacité à se reformer en profondeur.
Le litige Fécofa TAS pourrait bien devenir le symbole des dysfonctionnements chroniques qui minent le football congolais. Entre décisions juridiques et réalités pratiques, entre volonté affichée et moyens limités, la balle est désormais dans le camp des instances dirigeantes. Le monde du football congolais attend des actes, pas des mots. La crédibilité de toute une nation footballistique est en jeu.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd