Le tribunal militaire garnison d’Uvira a rouvert ses portes après cinq mois de suspension des activités judiciaires, marquant le début d’un procès hautement symbolique concernant douze individus accusés de crimes graves dans la région du Sud-Kivu. Neuf militaires des FARDC, un élément de la Police Nationale Congolaise et deux membres des groupes d’autodéfense Wazalendo comparaissent pour des infractions commises entre Luvungi et Uvira.
Parmi les prévenus figure un général autoproclamé, Kanani Kabeya Kyuhu, chef de bande poursuivi pour le meurtre particulièrement brutal du Major Salumu Tambwe, officier supérieur des FARDC égorgé le 4 avril 2025 lors d’une mission de service à Sange. Un autre membre Wazalendo, Papy Osea, est accusé du meurtre de sa collègue Miriam Byayesu à Luvungi, soulignant la gravité des violences internes au sein de ces groupes.
Les militaires des FARDC font face à des accusations variées : cinq sont poursuivis pour vol d’effets militaires à la base logistique de la 33ème région militaire, tandis que quatre autres soldats et un policier doivent répondre de perte d’armes, violation des consignes et dissipation de munitions de guerre. Ces charges reflètent-elles une dégradation disciplinaire au sein des forces régulières dans cette région troublée ?
L’audience inaugurale, présidée par le Major magistrat Mwanza Kanyimbu Jean-Marie assisté de quatre juges assesseurs officiers subalternes, a débuté par la formalité d’identification des prévenus. Deux militaires rescapés des FARDC ont été entendus comme témoins, l’un en qualité de renseignant de l’événement et l’autre comme contre-renseignant selon l’appréciation du tribunal militaire.
Ce procès revêt une importance particulière puisqu’il s’agit de la première audience tenue à Uvira depuis que cette localité est devenue chef-lieu de la province du Sud-Kivu, suite à la prise de Bukavu par les rebelles du M23. La reprise des activités judiciaires dans cette zone stratégique représente-t-elle un signe de normalisation ou simplement une nécessité administrative face à l’urgence sécuritaire ?
Le ministère public, représenté par le lieutenant-colonel magistrat Lwamba Songe, présente huit affaires en introduction contre les accusés. La procédure devrait permettre d’établir les responsabilités individuelles et collectives dans ces crimes qui ont ensanglanté la région. Le déroulement de ce procès militaire à Uvira sera observé avec attention comme indicateur de l’état de justice et de discipline militaire dans l’est de la RDC.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd