L’effondrement du pont Kibi, survenu le 14 août 2025, a brutalement interrompu la circulation sur cet axe stratégique reliant Ingbokolo à Kengezi-Base, principale porte d’entrée vers le Soudan du Sud. Sous le poids d’un camion de marchandises, cette infrastructure vieille de près de soixante-dix ans a cédé, paralysant instantanément les échanges transfrontaliers et plongeant la région dans une crise logistique aux conséquences économiques immédiates.
Quel impact cet effondrement aura-t-il sur l’économie régionale déjà fragile ? La réponse est sans équivoque : une perturbation majeure des flux commerciaux entre la République Démocratique du Congo et le Soudan du Sud. Le poste douanier de Kengezi-Base, point névralgique de collecte des recettes fiscales, voit ses activités suspendues, privant ainsi la province de l’Ituri de revenus essentiels à son fonctionnement. Les marchandises s’accumulent, les transporteurs subissent des pertes considérables et les prix des produits importés flambent déjà sur les marchés locaux.
Face à cette urgence, les députés provinciaux ont interpellé le gouverneur militaire de l’Ituri, exigeant une réhabilitation urgente du pont Kibi. Dans une correspondance officielle, les élus ont souligné le caractère vital de cet axe économique et demandé des clarifications sur les dispositifs envisagés pour sa remise en état. La question centrale demeure : l’entreprise Petro-City, déjà engagée dans des travaux de réhabilitation routière dans le territoire voisin de Mahagi, pourrait-elle prendre en charge ce chantier critique ?
Construit en 1956 avec une capacité nominale de 20 tonnes, le pont Kibi mesure 26 mètres de long sur six mètres de large. Sa histoire récente est marquée par une première reconstruction en 2020, après un effondrement initial survenu en 2006. Ces travaux, réalisés grâce à l’initiative des autorités locales et au soutien de la Fédération des Entreprises du Congo, n’auront donc suffi que cinq ans avant que l’infrastructure ne cède à nouveau.
La situation actuelle révèle les défis structurels auxquels fait face la RDC en matière d’infrastructures de transport. Comment envisager un développement économique durable sans investissements conséquents dans les ouvrages d’art ? La réhabilitation du pont Kibi dépasse la simple réparation technique ; elle symbolise la nécessité impérieuse de moderniser les axes commerciaux essentiels au développement des provinces frontalières.
Les conséquences de cet effondrement s’étendent au-delà des considérations économiques immédiates. Les populations frontalières, habituées à des échanges transfrontaliers dynamiques, se retrouvent isolées. Les produits agricoles ne peuvent plus être écoulés, les médicaments parviennent difficilement aux centres de santé et les familles séparées par la frontière voient leurs liens compromis.
La solution durable passerait-elle par une reconstruction aux normes modernes, capable de supporter le trafic poids lourds actuel ? Les spécialistes en génie civil recommandent une approche intégrée, combinant renforcement des infrastructures existantes et développement de solutions alternatives de transport. La mobilisation des députés provinciaux constitue un premier pas vers une prise de conscience collective de l’urgence infrastructurelle.
Alors que la province de l’Ituri cherche à relancer son économie après des années de conflits, la réhabilitation du pont Kibi apparaît comme un test crucial de la capacité des autorités à répondre aux besoins essentiels des populations et des opérateurs économiques. La balle est désormais dans le camp du gouvernement provincial et des partenaires techniques et financiers potentiels.
Article Ecrit par Amissi G
Source: mediacongo.net
