Dans un contexte politique congolais souvent marqué par le scepticisme, la voix de Jean-Jacques Lumumba résonne avec une tonalité inattendue : celle de l’espoir. Le lanceur d’alerte, connu pour sa rigueur critique, salue le récent remaniement gouvernemental en République Démocratique du Congo, y voyant une lueur dans l’obscurité institutionnelle. Mais au-delà des applaudissements, une question persiste : ce « nouveau souffle » annoncé saura-t-il réellement insuffler les transformations promises ?
L’entrée en fonction de Guillaume Ngefa à la Justice et de Floribert Anzuluni à l’Intégration régionale n’est pas anodine. Ces figures issues de la société civile symbolisent une rupture avec les pratiques antérieures, où les nominations répondaient souvent à des logiques clientélistes plutôt qu’à des impératifs de compétence. Leurs parcours, jalonnés d’engagements pour la transparence et les droits humains, pourraient-ils inaugurer une ère de gouvernance renouvelée ? Rien n’est moins sûr, tant les défis structurels restent immenses.
Le président Tshisekedi joue ici une carte risquée. En intégrant des profils indépendants et respectés, il tente de redorer un blason gouvernemental écorné par les lenteurs et les accusations d’immobilisme. Mais ces choix « encourageants », comme les qualifie Lumumba, suffiront-ils à contrer l’inertie administrative et les résistances politiques internes ? La réponse se mesurera à l’aune des résultats concrets : réformes judiciaires effectives, avancées dans l’intégration économique sous-régionale, et mise en œuvre des accords de Washington.
Le timing, lui aussi, interroge. À mi-parcours de son dernier mandat, le chef de l’État mise sur une équipe resserrée de 53 membres pour accélérer les réformes. Mais la présence d’anciens opposants et d’acteurs de la société civile dans ce gouvernement d’union nationale est-elle gage d’efficacité ou simple cosmétique politique ? La nomination de Ngefa et Anzuluni, si elle est saluée, doit s’inscrire dans une dynamique plus large, sous peine de rester un coup d’épée dans l’eau.
Les enjeux sont colossaux : consolidation de la stabilité dans l’Est du pays, lutte contre la corruption, relance économique. Jean-Jacques Lumumba appelle à la vigilance, rappelant que ces nominations ne valent que par les actions qu’elles permettront. Le temps du « surplace » est-il vraiment révolu ? Ou assiste-t-on à un simple réagencement des chaises musicales, où l’apparence du changement masque la permanence des dysfonctionnements ?
La balle est désormais dans le camp de l’exécutif. Si les nouveaux ministres parviennent à impulser une réelle dynamique, ce remaniement pourrait marquer un tournant dans la gouvernance congolaise. Dans le cas contraire, il rejoindra la longue liste des occasions manquées, et le président en paiera le prix politique.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd