Une puanteur insupportable qui envahit les narines, un spectacle désolant d’ordures accumulées depuis des décennies, et des milliers de Kisanganiens contraints de traverser ce paysage insalubre au quotidien. Voilà le triste sort réservé aux habitants de Makiso, dans la commune de Kisangani, où une montagne d’immondices obstruait l’avenue Général Mulamba, empêchant son débouché sur la route principale menant à l’aéroport international de Bangboka.
Comment en est-on arrivé là ? Comment une artère aussi stratégique a-t-elle pu être négligée pendant si longtemps, transformant un raccourci vital en un foyer de maladies et d’insalubrité ? Les riverains et passants, exaspérés, décrivent un calvaire sanitaire : « On ne peut plus respirer à cet endroit. Chaque jour, c’est un risque pour notre santé et celle de nos enfants », témoigne un habitant, préférant garder l’anonymat.
Face à cette situation intenable, le maire de Kisangani, Delly Likunde, a décidé d’agir. Lundi 18 août, il a lancé une opération de dégagement de ce site infesté, mobilisant employés municipaux et volontaires pour assainir les lieux. Une initiative saluée par la population, mais qui soulève aussi des questions sur la gestion des déchets dans la ville. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant d’intervenir ? Quelles mesures durables seront mises en place pour éviter que le problème ne se reproduise ?
L’opération de nettoyage des immondices à Kisangani s’inscrit dans un effort plus large d’assainissement de la Tshopo, où les défis sanitaires restent immenses. Le maire Likunde a lancé un appel aux personnes de bonne volonté pour contribuer à ces travaux d’intérêt communautaire, soulignant l’importance d’une mobilisation collective pour améliorer les conditions de vie des habitants.
Mais derrière cette action salutaire se cachent des enjeux plus profonds. L’insalubrité à Makiso n’est pas un cas isolé ; elle reflète les difficultés structurelles auxquelles font face de nombreuses villes congolaises en matière de gestion des déchets. Le manque d’infrastructures adéquates, la faible sensibilisation des populations et les moyens limités des municipalités compliquent la tâche.
Pourtant, l’assainissement de Kisangani est une priorité sanitaire et environnementale. La persistance de dépotoirs sauvages expose les populations à des risques de maladies hydriques, respiratoires et cutanées, sans compter la dégradation de l’environnement. Le déblaiement des ordures à Makiso est donc une étape cruciale, mais il ne suffira pas à lui seul. Une politique municipale cohérente et durable s’impose.
Le Congo peut-il relever le défi de l’assainissement dans ses grandes villes ? Kisangani, avec son maire déterminé, montre la voie en misant sur le partenariat et la mobilisation citoyenne. Reste à savoir si cette dynamique pourra être maintenue et étendue à d’autres zones critiques de la ville.
Pour l’heure, les Kisanganiens respirent un peu mieux. L’air est plus pur aux abords de l’avenue Général Mulamba, et l’espoir renaît. Mais gare à l’euphorie prématurée : sans une gestion rigoureuse et continue, les immondices pourraient bien revenir en force, rappelant cruellement que le combat pour un environnement sain est un marathon, et non un sprint.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net