À moins de quinze jours de la rentrée scolaire 2025-2026, prévue le 1er septembre, une atmosphère morose plane sur les marchés kinois spécialisés dans les fournitures scolaires. Les allées habituellement bondées de parents soucieux de préparer la rentrée de leurs enfants restent étrangement calmes, témoignant d’une frilosité consommatrice sans précédent.
L’analyse économique révèle un cocktail explosif : l’inflation galopante des fournitures scolaires, couplée à la flambée du dollar américain, crée une tempête parfaite qui frappe de plein fouet le pouvoir d’achat des ménages. Les commerçants, pris en étau entre des coûts d’approvisionnement en hausse et une demande atone, voient leurs marges bénéficiaires s’évaporer comme neige au soleil.
« Le taux du dollar est plus élevé que l’année dernière, et le mauvais état des routes alourdit considérablement nos frais de transport », explique Dave Mutadila, vendeur de sacs à dos au marché de Selembao. Cette hausse des coûts se répercute mécaniquement sur les prix de vente, créant un cercle vicieux : moins les parents achètent, plus les commerçants doivent augmenter leurs prix pour survivre.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un sac à dos qui coûtait 27 000 francs congolais l’an dernier s’affiche désormais entre 30 000 et 35 000 FC. Même phénomène pour les cahiers, dont le prix a grimpé de 1 500 à 2 500 FC en l’espace d’une année. Cette inflation des fournitures scolaires représente une ponction insoutenable pour des familles déjà étranglées par la vie chère.
Comment les parents kinois composent-ils avec cette réalité économique brutale ? La stratégie dominante semble être celle de la priorisation contrainte. « J’ai juste acheté les uniformes et quelques cahiers. On espère compléter le reste après la rentrée », confie Alain Kambale, père de quatre enfants. Cette approche minimaliste traduit une précarité grandissante et un report des dépenses non essentielles.
L’économie de l’éducation au Congo traverse visiblement une zone de turbulences. Les conséquences à moyen terme pourraient être lourdes : baisse de la qualité des apprentissages due au sous-équipement des élèves, augmentation du décrochage scolaire, et creusement des inégalités sociales. Le secteur éducatif, pilier du développement national, se trouve ainsi menacé par les soubresauts macroéconomiques.
Face à cette situation préoccupante, les appels se multiplient pour une intervention régulatrice de l’État. Les parents et commerçants réclament des mesures urgentes pour stabiliser les prix et mettre en place des mécanismes de soutien aux familles les plus vulnérables. La question qui se pose désormais est simple : comment garantir le droit fondamental à l’éducation dans un contexte économique aussi dégradé ?
La rentrée scolaire 2025-2026 s’annonce donc comme un véritable test de résistance pour le système éducatif congolais et pour la résilience des familles kinoises. Les prochaines semaines révèleront si les mécanismes de solidarité traditionnels pourront pallier les carences structurelles, ou si cette crise marquera un tournant dans l’accès à l’éducation en République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
