Dans un contexte politique congolais déjà surchauffé, la rencontre entre les responsables d’Ensemble pour la République et le vice-premier ministre Jacquemain Shabani ce mardi 19 août prend des allures de tempête diplomatique. L’objet des discussions? Le rapport explosif du groupe d’experts des Nations Unies qui établit, selon ses conclusions, des contacts réguliers entre Moïse Katumbi et la rébellion du M23.
Les représentants du parti de l’ancien gouverneur du Katanga ont catégoriquement rejeté ces allégations, brandissant l’étendard de la paix et réclamant un droit de réponse formel. Une position défensive qui interroge: pourquoi un parti se déclarant pacifique se retrouve-t-il mêlé à des accusations de collusion avec des groupes armés?
Le rapport onusien, consulté par plusieurs médias dont ACTUALITÉ.CD, ne fait pas dans la demi-mesure. Il mentionne des rencontres discrètes à Kigali et Kampala entre Corneille Nangaa et plusieurs figures politiques congolaises de premier plan, Katumbi inclus. Ces révélations tombent à pic, quelques jours seulement après le conclave de Bruxelles où Ensemble pour la République affûtait ses armes pour les joutes électorales de 2028.
La stratégie de dénégation employée par les proches de Katumbi soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. « Laissez-nous le temps de vérifier », plaide un membre de l’exécutif du parti. Mais dans l’arène politique congolaise, où chaque instant compte, le temps est-il vraiment un allié?
Cette affaire s’inscrit dans une période cruciale pour l’opposition congolaise, tiraillée entre ses aspirations démocratiques et les ombres qui planent sur certaines de ses relations. Le timing du rapport ONU RDC, publié juste après le rassemblement bruxellois, n’est probablement pas fortuit. S’agit-il d’une manœuvre pour discréditer une opposition montante ou d’une révélation nécessaire sur des pratiques politiques occultes?
La demande de droit de réponse, légitime en droit, semble pour le moment la seule parade d’Ensemble pour la République face à des accusations qui, si elles venaient à être étayées, pourraient durablement entacher l’image du parti et de son leader. Dans le jeu d’échecs politique congolais, chaque pièce compte, et les accusations de liens avec les rebelles représentent un gambit risqué.
La balle est désormais dans le camp des autorités congolaises et de la communauté internationale. Vérifieront-elles ces allégations ou les laisseront-elles s’enliser dans les sables mouvants des dénégations politiques? La crédibilité des institutions et la stabilité de la région en dépendent.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd