Le 45e sommet ordinaire de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) s’est clos dimanche à Antananarivo sur une passation de pouvoir chargée de symboles et de défis immédiats. Andry Rajoelina, président malgache, a officiellement succédé à son homologue zimbabwéen Emmerson Mnangagwa à la tête de l’organisation régionale, devant quatre nouveaux chefs d’État fraîchement élus. Dans un discours percutant, il a immédiatement posé les bases de sa mandature : L’heure n’est plus à la réflexion mais à l’action souveraine
, lançant un appel sans équivoque à l’unité des 16 États membres face aux enjeux sécuritaires et économiques.
La crise récurrente dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) s’est imposée comme priorité absolue du nouveau leadership. Rajoelina a martelé qu’il ne peut y avoir de développement sans paix et stabilité
, annonçant un mécanisme inédit de fusion des structures de l’East African Community (EAC), de la SADC et de l’Union africaine. Cette architecture intégrée, pilotée depuis Addis-Abeba, vise à harmoniser les initiatives diplomatiques souvent parallèles. Signe de cette dynamique renforcée, Mokgweetsi Masisi, président du Botswana, rejoint désormais le panel des facilitateurs régionaux pour la paix en RDC.
Comment cette coopération régionale SADC parviendra-t-elle à endiguer un conflit aux ramifications complexes ? Le sommet a acté la création d’un secrétariat technique conjoint, destiné à superviser les opérations sur le terrain et les négociations avec les groupes armés. Cette décision intervient alors que la représentation congolaise, menée par le vice-Premier ministre Guy Kabombo Muadiamvita, a salué une avancée décisive
pour la souveraineté nationale. La présence conjointe des ministres Thérèse Kayikwamba Wagner (Affaires étrangères) et Katharina Wagner Mbuyi (Conseillère diplomatique) soulignait l’importance stratégique de ce dossier pour Kinshasa.
Outre l’urgence congolaise, la présidence Rajoelina hérite d’un agenda économique ambitieux. Le nouveau président a plaidé pour une négociation collective avec les grandes puissances
, évoquant explicitement les accords commerciaux comme l’AGOA. Une approche qui répond aux vulnérabilités économiques exacerbées par les tensions géopolitiques mondiales. La reconduction du Botswanéen Elias Magosi au poste de secrétaire exécutif pour quatre ans garantit une continuité administrative essentielle à ces projets.
Le sommet a par ailleurs consacré l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants, avec les premières interventions des présidents Duma Boko (Botswana), Daniel Chapo (Mozambique), Netumbo Nandi-Ndaitwah (Namibie) et du Premier ministre mauricien Navinchandra Ramgoolam. Tous ont réaffirmé leur attachement à l’intégration régionale comme levier de développement industriel et commercial. La présidence tournante de la SADC passera ensuite à Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), tandis que le Malawi et l’Eswatini prendront la tête de l’Organe de coopération en matière de politique, de défense et de sécurité.
Cette transition à la tête de la SADC survient à un moment charnière pour l’Afrique australe. Entre la nécessité d’une réponse coordonnée aux conflits locaux et l’impératif d’autonomie économique face aux puissances extracontinentales, la présidence Rajoelina devra concilier urgence et vision à long terme. La réussite de sa feuille de route se mesurera notamment à l’aune des progrès concrets vers la paix en RDC, véritable test de crédibilité pour la coopération régionale SADC.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd