Les cris déchirants résonnent encore dans l’avenue Risasi, où l’odeur âcre de brûlé persiste trois jours après l’horreur. « Nous avons tout perdu en quinze minutes », sanglotte Mamie Kavira, assise sur les débris calcinés de son salon, son unique pagne couvert de suie. Comme 35 autres ménages du quartier Cahi à Bukavu, elle affronte des nuits glaciales à la belle étoile, après qu’un incendie violent a réduit en cendres 24 habitations ce jeudi 14 août.
D’après les constats sur place, la tragédie trouve son origine dans un réchaud électrique laissé sans surveillance. « C’est l’étincelle qui a embrasé notre vie », témoigne un voisin, montrant du doigt l’épicentre du sinistre. Cette catastrophe quartier Cahi s’inscrit dans une inquiétante série : dix incendies recensés à Bukavu depuis juillet 2025, selon un décompte officieux. Combien de drames faudra-t-il pour que des mesures préventives soient enfin appliquées dans ces zones densément peuplées ?
L’intervention héroïque des jeunes de Pomba Solutions a évité le pire. « Sans eux, tout le pâté de maisons y passait », reconnaît le président de la société civile locale, soulignant qu’aucune vie n’a été perdue. Mais derrière ce miracle se cache une réalité brutale : des familles sinistrées Sud-Kivu survivent sans nourriture, ni vêtements, ni couvertures. Le chef d’avenue lance un cri du cœur : « Où sont les organisations humanitaires ? Nos enfants grelottent de froid ! »
Dans l’absence criante d’aide institutionnelle, la solidarité citoyenne tente de combler le vide. À Nyalukemba, commune d’Ibanda, des voisins organisent une collecte de vivres et de matelas. « Chacun donne ce qu’il peut : un peu de foufou, un seau, une bassine », explique un bénévole. Cette entraide spontanée soulève pourtant une question brûlante : pourquoi l’État congolais reste-t-il sourd aux détresses urgentes ?
La situation des sinistrés met en lumière des failles systémiques. Les pompiers de Bukavu, sous-équipés, peinent à répondre aux urgences. Les normes de construction sont rarement respectées dans ces quartiers populaires, transformant chaque habitation en potentiel brasier. Ce drame rappelle cruellement que l’accès à l’électricité sécurisée reste un luxe pour beaucoup.
Alors que la fumée se dissipe, l’amertume demeure. Ces familles sinistrées Sud-Kivu incarnent le visage d’une précarité qui s’aggrave. Sans aide d’urgence RDC concrète, comment reconstruiront-elles leurs vies ? L’incendie Bukavu de Cahi n’est pas qu’un accident : c’est le symptôme d’un abandon qui crie justice sous les cendres.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net