Le village de Kasala, niché dans le groupement Lukoshi au territoire de Kambove, vit un paradoxe énergétique qui confine au scandale. Sous le regard silencieux des autorités, ses habitants marchent chaque soir à la lueur des lampes-tempête, alors que les turbines du barrage hydroélectrique de Mwadingusha grondent à quelques kilomètres seulement. « Tous les cris d’alarme des habitants se transforment en tintamarres aux oreilles des autorités de la SNEL », lâche, amer, Adelain Mabika, acteur de la société civile locale. Cette déclaration poignante, livrée à Radio Okapi, résume l’exaspération d’une communauté oubliée.
Comment expliquer qu’un territoire riche en ressources hydrauliques condamne sa propre population à l’obscurité ? Le déficit électricité Kasala illustre une injustice énergétique RDC criante. Pendant que le barrage alimente les centres urbains et les complexes miniers du Haut-Katanga, les riverains subissent double peine : impacts environnementaux sans compensation et privation des retombées promises. « Cette situation reflète une attitude discriminatoire et une négligence institutionnelle », accuse Mabika, soulignant que ceux qui hébergent l’infrastructure devraient être les premiers bénéficiaires.
Le barrage Mwadingusha inaction symbolise un dysfonctionnement systémique. Les habitants décrivent des nuits interminables où les enfants peinent à étudier, où les petits commerces ferment à la tombée du jour, où les centres de santé improvisent des accouchements à la bougie. « Nous voyons les lumières de Likasi briller au loin comme une moquerie », confie une mère de famille, montrant l’horizon depuis sa cour en terre battue. La société civile Kambove exige un calendrier concret de raccordement, dénonçant des décennies de promesses non tenues.
Face à cette détresse, le silence de la SNEL Haut-Katanga est assourdissant. Aucune réponse officielle n’a été apportée aux interpellations répétées, alimentant la colère des villageois. Ce mutisme interroge : jusqu’où l’indifférence institutionnelle peut-elle marginaliser des communautés entières ? Les acteurs locaux alertent sur le risque d’une fracture sociale grandissante dans cette province minière pourtant vitale pour l’économie nationale.
Au-delà de Kasala, ce cas révèle un enjeu national brûlant : la gestion équitable des ressources énergétiques. Comment la RDC peut-elle prétendre au développement quand elle prive ses propres enfants de l’accès à l’électricité ? L’inaction persistante transforme le barrage en symbole de spoliation, creusant un fossé de défiance entre l’État et les citoyens. L’urgence n’est plus technique mais politique : il faut des actes concrets pour rompre ce cercle d’exclusion. Car comme le rappelle amèrement un vieux paysan : « L’énergie devrait d’abord éclairer ceux qui vivent sur sa source ».
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net