Dans un geste chargé de symbolisme, Samuel Mbemba, fraîchement nommé à la tête du ministère des Droits humains, a choisi son terreau natal de Camp Luka pour sceller son entrée en fonction. Ce dimanche 10 août, le quartier populaire de Ngaliema a vibré au rythme d’un culte d’action de grâce rassemblant plus de 1 500 âmes, événement politique inédit qui interroge sur les nouvelles modalités de légitimation du pouvoir en RDC.
Sous l’égide de l’ASBL Camp Luka pour Christ, le ministre a transformé l’espace cultuel en arène politique, jurant « travail avec abnégation » pour les droits humains. Dans un mélange des genres troublant, les oraisons des pasteurs ont épousé le discours gouvernemental, invoquant sagesse et intégrité pour celui qui doit incarner l’État de droit. Cette sacralisation du mandat ministériel soulève une question essentielle : le recours au sacré constitue-t-il un rempart contre les dérives ou un paravent commode ?
Le nouveau titulaire du portefeuille des Droits humains a manœuvré avec une précision d’horloger. En réaffirmant sa « fidélité indéfectible » au président Félix Tshisekedi devant sa base militante, Mbemba a verrouillé son allégeance politique tout en consolidant son ancrage local. La Corporation, porte-voix des notables, n’a pas manqué de rendre grâce au chef de l’État pour une nomination présentée comme un honneur pour « l’ensemble de la communauté chrétienne ».
Ce culte à Ngaliema dépasse la simple cérémonie religieuse. Par ce retour aux sources, Samuel Mbemba semble répondre à une double exigence : assoir sa légitimité populaire tout en canalisant les attentes d’une population en quête de signes tangibles. Mais la métaphore du « service public comme ministère divin » porte en germe un écueil majeur : confondre la responsabilité devant les citoyens avec une reddition de comptes céleste.
L’événement de Ngaliema pose les jalons d’un mandat placé sous haute surveillance. Alors que la RDC affronte des défis criants en matière de droits fondamentaux, ce baptême politico-religieux crée une attente disproportionnée. Le ministre parviendra-t-il à transformer l’essai d’une nomination gouvernementale Tshisekedi en actions concrètes ? L’avenir dira si cette consécration divine saura inspirer une gouvernance terrestre à la hauteur des promesses formulées devant les fidèles de Camp Luka.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net