La délégation gouvernementale de la République Démocratique du Congo a posé ses valises à Brasilia ce samedi 9 août 2025, marquant l’ultime étape d’une tournée diplomatique en Amérique Latine initiée en Uruguay puis en Argentine. Cette mission stratégique, pilotée par le Vice-Premier Ministre de la Défense nationale Me Guy Kabombo Muadiamvita, cristallise la volonté de Kinshasa de diversifier ses alliances face aux défis sécuritaires persistants.
En Argentine, des échanges bilatéraux décisifs ont scellé les bases d’un partenariat militaire inédit. Comme le précise le ministère congolais de la Défense, cette coopération sud-sud équitable inclut plusieurs piliers structurants : formation spécialisée des officiers supérieurs des FARDC, renforcement des capacités opérationnelles, et transfert d’expertise en matière de renseignement. Plus ambitieux encore, l’appui au développement de l’industrie locale de défense vise à terme l’autonomie stratégique des forces armées congolaises.
Comment expliquer cette urgence sécuritaire ? Le VPM Muadiamvita a rappelé le contexte brûlant : des décennies d’agression rwandaise et les atrocités perpétrées par les groupes terroristes dont l’AFC/M23. Face à cette pression constante, la diplomatie offensive menée sous l’égide de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka apparaît comme un levier essentiel. Les futurs accords avec Buenos Aires permettront aux FARDC d’acquérir des capacités renforcées, dans le strict respect des engagements internationaux.
Cette tournée diplomatique en Amérique Latine s’inscrit pleinement dans la vision du président Félix Tshisekedi, prônant une diplomatie proactive axée sur des partenariats stratégiques équitables. En tissant des liens avec Montevideo, Buenos Aires et désormais Brasilia, la RDC cherche à établir des coopérations durables fondées sur le respect mutuel et la solidarité sud-sud. Le partenariat défense Brésil-RDC, dernier maillon de cette trilogie, pourrait réserver des annonces structurantes dans les prochains jours.
Au-delà des aspects militaires, cette démarche illustre un repositionnement géopolitique significatif. La diversification des alliances réduit la dépendance aux partenaires traditionnels tout en consolidant la stature internationale de Kinshasa. Les observateurs notent que cette approche répond à une double nécessité : court-circuiter les soutiens régionaux aux groupes armés tout en accélérant la modernisation des FARDC.
Si les détails concrets de la coopération militaire RDC-Argentine restent à finaliser, l’architecture globale se dessine clairement. L’accent mis sur le développement de l’industrie locale de défense pourrait constituer une rupture stratégique majeure. À terme, les FARDC pourraient ainsi disposer de moyens autonomes de maintenance et de production d’équipements, réduisant leur vulnérabilité aux embargos et pressions externes.
Cette tournée historique ouvre-t-elle une nouvelle ère dans la sécurisation de l’est congolais ? Si les effets concrets se feront sentir à moyen terme, elle démontre surtout la détermination de Kinshasa à prendre en main son destin sécuritaire par des alliances innovantes. Alors que la délégation entame ses ultimes négociations brésiliennes, un message fort est envoyé aux adversaires de la RDC : le pays bâtit méthodiquement les remparts de sa souveraineté.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
